Breakbot @Showcase le 5 Juillet 2014

glendra

J'avais dit que je venais, je vais pas les planter là, surtout pas avec ma prévente sur les bras. Y'a la queue ça m'ennuie, et comment on va faire pour tous rentrer là-dedans, sous un pont de surcroît, ça fait un peu sans-abris de se dire qu'on va passer la soirée là.

J'ai envie de faire pipi en plus, me voilà bien. Je fais quoi je vais dans un square, à la rencontre de prostituées cachées dans les buissons ? Ça me fait peur un peu, j'ai l'impression d'être dans un mauvais scénario où la soirée va se terminer au poste de police, tout ça pour une envie de pisser et une obligation d'obtempérer par des colocataires bien décidés à me sortir.

Je suis plus habituée à ce genre de soirées, je bosse dans la nuit, maintenant. Dans la nuit scintillante, bling bling, celle où on te met de la poudre dans les yeux, où on t'aveugle de paillettes éphémères qui n'existent même pas. Ils m'ont fait perdre tous mes repères, je m'étais jurée de garder un recul par rapport à tout ce merdier, ils m'ont eue. Ce soir, j'ai troqué mes talons aiguilles contre les Nike de mon coloc, je me la joue Urban Outfitter c'est qu'un masque, au fond je m'y retrouve même plus. Mais c'est drôle, le temps d'un soir, je me fonds dans la masse.

Je m'abandonne à la musique qui glisse sur mon corps. Elle pénètre en moi comme un inconnu, elle s'enroule autour de moi, me berce et me glisse des mots doux à l'oreille, comme un amant qui me déclare sa flamme, comme des murmures intimes tombés du lit.

La capitale m'a poussé au vice. C'est tellement cliché, et néanmoins tellement vrai. La cigarette au bout des lèvres, le sentiment de culpabilité m'a abandonné, quand déjà ? J'étouffe un rire, parce qu'il est loin le temps où je me promettais de jamais toucher à ça. J'étais tellement convaincue de ce que j'avançais. J'avais peur. J'avais peur des garçons, aussi. Maintenant c'est eux qui ont peur de moi, il faut croire.

Je sais pas si on a mis un truc dans mon verre ou si c'est la musique qui m'enivre. Je me laisse emporter, j'entre dans un état de transe. C'est trop bien. C'est trop bien. C'est tout ce que j'arrive à dire. Chacun dans un monde imperméable, on est tous en communion. Elles sont loin les mijaurées condescendantes, autour de moi, que de l'amour. Le public réagit aux moindres faits et gestes du DJ, deux entités en parfaite harmonie. La lumière me caresse, je peine à distinguer les visages autour de moi, peu importe, ce soir je me retrouve seule avec moi même, demain n'existe pas.

Paris la nuit, c'est l'illusion de la liberté. Je suis dans ma petite bulle, je me construis un monde en parallèle de ce qu'il y a autour de moi, rien ni personne ne peut m'atteindre, pas ce soir.

 

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