Ca tape encore.

zach

Ca tape encore.

J’y pense, ça tapera toujours, forcément, c’t’un chef d’œuvre. Mais un chef d’œuvre tout plein de l’humilité qu’y mettent les gens qui ont vécu des trucs un peu incroyables. Les débuts de l’aéropostale, par exemple (au hasard) : les bonhommes dans des avions rêches comme tout qui transportent du courrier de l’autre côté des Andes, qu’il fasse un temps de Toussaint ou que le soleil claironne. Des bonhommes qui pam se paument au Sahara, trois gouttes d’eau et toutes ces lettres et ces colis, pas un rat mon gars pour t’apporter une outre ou le soulagement d’une ombre humaine ou de l’ombre tout court. Mais ce qui est fou, c’est que t’en sors (un peu changé, pas beaucoup, changé un peu). Y’a des doutes, des passages douloureux. Ton humanité (l’appartenance à une espèce, basiquement) jusque là réprimée dans une cravate, des lunettes et bien sûr, un air sérieux, ton humanité, pas moyen, tu te la prends dans la tronche. On est rien que tout petits dans un désert qui s’étend, s’étend, s’étend, et à l’intérieur on est tout petit aussi, tout faibles, soumis à nos sens qui vacillent quand on ne boit pas, quand on ne mange pas, quand il fait froid, quand on aligne un pas, un minuscule pas et puis un autre jusqu’à où ? Jusqu’à ce que l’épuisement nous achève. Mais alors on continue quand même parce qu’on est des fourmis formées au combat et même si on envisage le futur que sur les cinq prochaines minutes, c’est pas grave parce que qui connaît le trésor caché par le temps ? Qui peut savoir si un miracle n’est pas là au prochain mètre ?

Qu’a-t-on à dire.

Quand nous nous perdons, nous n’avons rien à dire. Juste à aller au bout. A aller chercher le fil qui nous relie à l’autre homme, celui qui est derrière ce col, derrière cette dune, celui qui parce qu’il est comme vous ne pourra pas ignorer votre détresse.

Le bouquin dont je vous parle, c’tun livre qui cogne. Des pages un peu universelles. Oh on n’est pas plus riches après les avoir lues, parce qu’au fond la vérité elle était en dedans de nous. C’est un dring dring par l’exemple, une histoire de crash, mais surtout l’histoire d’un type qui est lui, un héros si l’on veut, mais qui est aussi toi, peut-être moi.

Pour dire le vrai, en fait, y'a qu'un seul moment dans ma vie de lectrice où je me suis dit "trop tard, ça a déjà été écrit, c'est un absolu atteint" et c'est en lisant Terre des hommes.

Vlan.

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