"L'enfant qui ne pleurait pas"

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Petite, je voulais être maîtresse ; pas très original pour une petite fille. A 6 ans, à force d’accompagner Papa au marché le dimanche matin, je pris une grande décision : en plus d’être maîtresse, je serai marchande de saucissons le dimanche ! Ca y est, mon avenir était écrit, tracé ; un futur parfait, rêvé…

Et puis, vers 10 ans, j’ai passé une journée dans une grande librairie, et j’ai trouvé un livre, je ne connaissais ni l’auteur, ni l’ouvrage. Mais le titre me décida à l’acheter. J’avais trouvé mon bonheur : « L’enfant qui ne pleurait pas » de Torey L. Hayden. C’est l’histoire d’une petite fille, battue, violée, par son père et son oncle, elle ne parle pas, elle ne pleure pas. Torey est une psychologue,  et aussi une éducatrice spécialisée, elle l’accueille dans sa classe de 4 enfants handicapés. Au bout de 3 jours, la petite fille dit son premier mot. C’est une histoire vraie. Torey écrit ce qu’elle vit pour faire partager son expérience mais aussi pour évacuer les évènements invivables qui se passent dans sa classe.

Je finis le livre dans la nuit, je le relis le lendemain, puis le surlendemain. Je ne m’en détache pas, il m’a suivi partout pendant un bon moment, dans mon sac de cours, dans mon sac de plage, dans mon lit... Je suis retournée au bout de quelques temps dans cette grande librairie pour acheter tous les livres que je trouvais de cette éducatrice Torey L. Hayden. J’ai tout lu, en deux semaines de temps. Et ça y était, j’avais trouvé. J’ai abandonné mes saucissons pour me consacrer à l’handicap mental, moteur. J’ai tout fait pour faire des stages avec des enfants trisomiques, des autistes. Je ne connaissais pas le handicap, ou très peu, ce livre m’a permis de réaliser ce que c’était mais aussi de réaliser qu’il était possible de faciliter la vie des personnes handicapées. C’était bon, j’avais trouvé mon modèle, mon avenir, mon envie. Moi aussi, comme Torey, je voulais les aider. Cela fait donc maintenant 9 ans que je construis ce rêve. Je continue assidument mes études, pour un jour y arriver ; sans Torey, jamais je n’y serai arrivée, je n’y aurai même probablement jamais songé… 

  • Petit je voulais être maître, comme papa et maman aussi, et je finis éducateur. Je n'ai pas eu la chance de croiser Torey Hayden dans mes lectures, mais mon grand-frère, Hervé, trisomique de son état. Plus tard, j'ai découvert Neil, Rousseau, Young... et un vrai beau job

    · Il y a presque 14 ans ·
    S5001282 orig

    amouami

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