Caféine et souvenirs

peterpanpan

Je viens d'acheter une cafetière électrique, j'en avais assez du soluble. Le café ça fait aller chier. Surtout quand on boit une cafetière entière. Je me rappelle de ma première crotte sèche. Mes premiers pas avec le mensonge. J'avais trois ou quatre ans et je venais de chier dans mon froc, devant le sèche-linge, dans la salle à manger. J'ai pris mes deux morceaux de merde et j'ai été les jeter dans la cuvette des WC. Ma mère en se levant pour aller pisser, rencontre mes deux rogatons. J'étais propre à ses yeux. En réalité je me chierai encore dessus jusqu'à ma deuxième année de maternelle. De la maternelle j'ai surtout le souvenir d'une fête de fin d'année avec une estrade, des chapeaux brillants en gomettes et aluminium, l'odeur des frites au ketchup que la fille méchante mangeait devant moi, le banc froid, blanc et en pierre, et mon petit paquet de dragibus durs comme des petites crottes. Elle en revenait pas que j'aime pas les frites la petite blonde. Encore une occasion de passer pour un louche. J'avais un copain à l'époque, Yorvan ( faut prononcer le Y à part, ça fait Y-orvan ) . J'imitais sa voix après l'école. J'devais me prendre pour lui. J'ai toujours jouer des rôles. Quand des invités arrivaient chez mes grands-parents, c'était celui du coq qui chantait sous la table. A l'école, celui du malade chronique. Qu'est-ce que j'ai pu être absent toute ma scolarité n'empêche. Ça a commencé tôt. Dès la primaire j'avais pris l'habitude. C'était au moins une fois par semaine. Ça a pas changé en fait. Ma mère elle s'inquiétait surtout des problèmes que ça aurait pu lui apporter pour toucher les bourses, puis elle avait peur des assistantes sociales. Fallait pas qu'on croit que j'étais négligé. Sinon on allait me prendre. Fallait faire gaffe. Pourtant elle savait pas trop me dire non quand je voulais rester à la maison ma mère. Heureusement j'étais bon élève. J'me demande si j'faisais vraiment semblant d'être malade d'ailleurs. Quand j'y repense, l'école, ça a toujours été une source de stress intense pour moi. Les entre-midis surtout. J'sais pas pourquoi. Juste avant de reprendre dans l'après-midi, c'était le pire. Ça m'prenait dans l'estomac, comme s'il était devenu aussi épais que du papier à cigarettes. Peut-être qu'inconsciemment j'voulais pas y aller pour ça, pour échapper au stress. Enfin non, y'avait des raisons moins subtiles, comme la fatigue, et la flemme, et surtout le confort de la maison. Sinon j'étais pas un bouc-émissaire à l'école, j'avais même pas mal de copains. C'est plus tard que j'ai eu un bourreau, au lycée. Mais j'ai pas envie d'en parler pour l'instant de Dalil. C'était un gros lui aussi, mais en plus il avait une sale gueule.

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