Calanques.

Christophe Hulé

- Pardonnez Monseigneur, vous m'ôtez le soleil !

- Vous vous prenez pour Diogène ?

- Et vous pour Alexandre ? Et ce chien de l'enfer que vous promenez sur la plage, est-ce bien autorisé ?

- Ce n'est qu'une crique non surveillée. Pas grand monde alentour, convenez-en.

- Il n'empêche que votre chien pollue.

- Une goutte d'eau dans ce désert de guano, et ce n'est que la surface de l'iceberg, vous me comprenez n'est-ce pas ?

- Je déteste cette phrase, vous vous prenez pour Socrate à votre tour, convaincre l'interlocuteur qu'il n'est qu'un abruti.

- Eh bien j'ose vous dire que vous m'êtes sympathique.

- Allons bon, et en quoi je vous prie ?

- Je ne sais pas, c'est comme ça c'est tout.

- Et votre cabot ne pourrait s'ébrouer ailleurs ?

- Le courant est passé pour lui aussi semble-t'il.

- Quel honneur !

- Permettez que j'étende ma serviette ?

- Allez-y et le plus loin possible, c'est pas la place qui manque.

- Vous ne m'aidez pas beaucoup.

- Et pourquoi le ferais-je ?

- Votre âme est en déshérence, vous avez le néant en horreur.

- C'est quoi votre truc, récupérer les âmes échouées pour vider leur compte en banque ?

- Que de procès d'intention !

- Permettez que je bronze bêtement en attendant quelque sirène qui ne viendra jamais.

- Est-ce là votre projet ?

- Il en vaut bien un autre.

- Alors je ne peux rien pour vous.

- Tant mieux, je n'ai pas attendu un gourou de pacotille pour savoir qu'on nous a roulé dans la farine depuis des siècles.

- Je vous plains.

- Il ne faut pas, je sais me contenter de ce que je mérite, contrairement à vous semble-t'il.

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