CANCER

L'homme, assis, aux sourcils qui froncent,

à la blouse blanche, me fixe et m'annonce

que je vais devoir mener un terrible combat

afin de vivre, de vaincre le mal qui est en moi.

Jour de mon apocalypse, de mon jugement dernier.

La nouvelle tombe comme un couperet,

Je suis atteint d'une saloperie de cancer

qui me brûle à petits feux dans le royaume de Lucifer.

Le médecin me parle d'une longue route vers la guérison,

des traitements, des médicaments, radiothérapie et chimio.

Tu parles! Dieu a mis ma tête sur le billot.

Pourquoi pas une corde ou quelques gouttes de poison?

La blouse blanche précise que je peux perdre mes cheveux,

que le traitement me fatiguera, que je serai une guimauve.

Espèce de connard ! Je suis déjà chauve.

Il se fige, balbutie et baisse les yeux.

Je quitte l'hôpital marchant tel un mort-vivant.

Je pense à ma famille, j'imagine la douleur de mes enfants,

A ma femme, je la vois en pleurs, effondrée.

Dois-je lutter ou profiter de ces mois qui me sont alloués?

Voilà une question qui sèmera la discorde.

Mes proches espéreront ma survie, mon rétablissement

Mais je refuse de mourir exténuer par cet affrontement

Contre la tumeur, que l'on me regarde avec miséricorde.

Je souhaite réaliser la plupart de mes rêves,

Rattraper le temps perdu empli d'inutiles sacrifices,

Profiter du présent car mon avenir est en grève,

Vivre pleinement pour mourir sereinement de ce maléfice.

Je ne sais plus du tout où j'en suis,

J'aspire à guider mes enfants dans leur vie.

Vieillir auprès de mon épouse que je chéris.

Vivre ou mourir? C'est ma décision, mon pari.

CARL PERSONNE.