Cardiaques et Hommes de foi, s'abstenir
Harfouche Alex
Un jour on me dit que le plus bel endroit de l’Univers c’est le paradis. On m’expliqua qu’en arrivant au paradis, on pouvait choisir le lieu qui nous convenait le plus, en disant à Saint-Pierre toutes les caractéristiques que nous voulions que ce lieu ait.
Je me sentis heureux et je fis tout, dès ce jour, pour aller au paradis.
Je partis cinq années en Afrique et j’apportai mon aide humanitaire aux plus démunis du Mozambique, du Mali, du Soudan et de l’Éthiopie. J’eus quelques épisodes jubilatoires de paludisme, diarrhée et Malaria. Je revins au Pays en étant sûr de m’être donné corps et âme.
Dès mon retour, j’entamai un programme de bénévolat à l’hôpital pédiatrique de ma ville. On m’assigna à l’oncologie juvénile. Je m’occupai d’abord d’une petite fille de cinq ans atteinte de Leucémie. Elle s’appelait Lucie et m’aimait beaucoup parce que je lui racontais chaque jour mes aventures en Afrique. La greffe de moelle osseuse de Lucie tourna mal et elle fit une réaction cutanée aigue qui la dévisagea complètement. Puis elle rentra chez elle car, au moins, elle n’avait plus le cancer. On me confia en suite un garçonnet de sept ans qui se nommait Bruno et qui souffrait du cancer des os. Bruno m’aimait bien parce que, tout comme lui, j’étais passionné d’Histoire et nous échangions quotidiennement nos connaissances et opinions sur le sujet. Bruno était premier de classe avant sa maladie et on lui prévoyait une vie importante. Or, un matin, Bruno rendit l’âme.
J’en eus assez des enfants cancéreux et de leur imprévisibilité et je décidai de travailler dans une organisation environnementale. On m’envoya dans plusieurs pays où j’aidai à nettoyer et à ramasser les ordures de huit heures du matin à huit heures du soir. Un jour où je travaillai dans le grand dépotoir de Mexico, je trouvai un bébé mort. J’arrêtai et je rentrai dans mon pays riche.
Un matin, j’eus trente ans et ma jeunesse fut terminée. Je trouvais que je méritais désormais ma place au paradis et m’empressai d’expirer. J’utilisai des somnifères et le gaz du tuyau d’échappement de mon hybride. L’envol fut paisible.
En arrivant devant le bureau de Saint-Pierre, une joie mortelle s’empara de moi et je me sentis enfin libre de tout souci.
Sa secrétaire plantureuse, Marie Madeleine, me fit entrer.
Et ce fut le moment tant attendu « Bonjour cher humain, de quelles caractéristiques notoires voulez-vous que votre loge éternelle soit munie? »
Et moi de dire « Pierre, très cher, j’aimerais être dans un lieu que l’Homme n’a jamais pénétré, mais d’où des choses improbables apparaissent et se créent…Avec une belle végétation et un lieu sombre où me réfugier lorsque j’ai besoin de calme »
Saint Pierre était méthodique sans pour autant manquer d’humour.
Il claqua des doigts.
Je me retrouvai dans le cul de la sainte vierge.
Alex H
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COPYRIGHT Alexandra Harfouche
Je me suis dit que n'étant ni cardiaque (a priori), ni homme de foi (a posteriori surtout), je pouvais y aller.
· Il y a environ 12 ans ·Et après lecture...Rhooooo ! Franchement !! Alex, voyons !!!
Sincèrement, J'aime beaucoup ! Ton humour tout au long du texte est décapant à souhait.
Gonflé (l'imprévisibilité des enfants cancéreux, faut oser quand même) mais salutaire parfois !
J'adhère et en redemande.
wen
Des doigts de Saint-Pierre au cul de la Sainte Vierge il n'y a donc qu'un pas...
· Il y a environ 12 ans ·Chris Toffans