Caresses

Magguie Loquitur

Premiers sens.

Avant, je flottais. Autour de moi tout était doux et calme. Et soudain, tout est devenu éblouissant et froid. Mes yeux me brûlent et je crie, je hurle à m'en déchirer les poumons. J'entends quelques exclamations et soudain le froid disparaît. Je suis enveloppé dans un linge fin et doux. Je ferme toujours les yeux mais je me sens voler avant d'atterrir sur un coussin confortable. J'essaye de bouger mais mes mouvements sont saccadés et patauds. Je gémis en me sentant coincé par ce qui m'entoure. Je sens bien que m'agiter ne sert à rien contre ce tissu qui pique parfois, mais je ne peux m'en empêcher. Finalement, de fatigue ou par lassitude, j'arrête et me résigne. Je ne sais pas combien de temps je reste sur cette surface moelleuse. Plusieurs fois, je sens le tissu fin glisser sur ma peau ou s'écarter pour laisser place au froid et à plein de choses lisses qui bougent et me palpent. Je gigote, je n'aime vraiment pas ça. Finalement, on me laisse tranquille et je me retrouve emmailloté.

Je me réveille quelques temps plus tard. Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi mais je sens que les choses bougent autour de moi. Je m'agite tout en gardant les yeux fermés. J'entends quelques voix, plus rien ne bouge. J'attends, tendu, appréhendant ce qui pourrait m'arriver. Je sursaute lorsque, comme plus tôt, des choses lisses me palpent et retirent ma couverture. Je gigote de mécontentement mais mes mouvements sont toujours aussi gourds. Je constate qu'il ne fait plus aussi froid. Quelque chose de rugueux m'effleure, puis je suis soulevé dans les airs. Je sens sur mon visage la caresse d'un souffle chaud, puis une surface rugueuse qui vient me gratter les joues et m'embrasser. Je reste un moment comme ça, ma tête contre ces petits piques. Ils sentent un parfum épicé qui gratte un peu la gorge. C'est une sensation agréable malgré tout.

Soudain, je me retrouve sur le ventre, sur quelque chose de chaud. C'est tiède et doux, rien de comparable à tout ce que j'ai pu sentir jusqu'à maintenant. Enfin si, elle me rappelle un peu la chaleur dont on m'a extirpé. Je m'aperçois que ce sur quoi je me trouve bouge doucement, au même rythme que ma respiration. Je me mets en boule confortablement et inspire à fond. C'est un parfum fort mais absolument pas désagréable, bien au contraire. Mais c'est plus qu'un parfum, c'est une odeur qui m'évoque quelque chose de lumineux et de rassurant. Le genre d'odeur qui, malgré les parfums, reste inchangée et reconnaissable. Je suis bien. Je sens quelque chose caresser délicatement ma tête.

Je relève la tête et ouvre doucement les yeux. Autour de moi, la luminosité est faible, ce qui est beaucoup plus agréable que lors de mon premier essai. Face à moi, deux yeux me fixent. Ils sont aussi doux que la surface contre ma peau et s'illuminent. Tout n'est que douceur. J'ai l'impression de me retrouver comme avant, dans la chaleur, la douceur et le calme.

Je veux lui sourire et un petit gazouillis m'échappe. Elle me sourit.

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