Cassée

Je suis cassée, et vous, vous en voulez plus ? 

Je suis pas cassée comme si j'avais eu une enfance difficile, comme si mes parents ne me parlaient plus ou comme si j'étais toxico. Non, rien de ce genre de vie compliquée. D'ailleurs, j'ai la vie la plus simple du monde : une famille qui m'aime, une famille que j'aime ...

Non je ne peux pas dire que je mourrais pour mes amis, parce que j'ai pas l'impression qu'on tienne à moi, malgré ce qu'on dit... Alors j'en ai finit de me faire des idées. J'ai pas beaucoup d'amis sur qui je peux compter; j'ai pas beaucoup d'amis.

J'ai pas de lourd passé amoureux, j'ai certes été blessée par des personnes que je pensais apprécier, mais ça c'est un peu mon quotidien ! Je n'ai jamais eu de quelconque relation avec un garçon. Ce n'est toujours que le fruit de mon imagination. Ma vie est une invention de ma part, et je ne cesse de me heurter à la réalité. Au bout d'un moment, ça laisse des traces. Des bleus et des cicatrices. Mais même quand je la vois arriver, cette putain de réalité, je ne peux pas m'empêcher de vouloir la contourner. Faut que je me rende compte que c'est impossible, mais c'est plus fort que moi... Je suis une grande rêveuse remplie d'espoir. 

Je vous le dis moi, c'est pas facile tous les jours d'être cassée. Une fabrication fêlée, vouée à périr seule au fond d'une poubelle. 

C'est à ce moment qu'en tant que grande rêveuse, j'imagine qu'un jour une belle personne me sortira de cet enfer. Alala, je suis une incorrigible naïve... Il y aura toujours des gens qui veulent avoir leur moments de gloire, qui essaieront de sortir un jouet cassé d'une poubelle. Et parfois on ose les appeler "amis". Mais ils ne valent pas plus que moi. Ils veulent juste être le héros qui fera ouvrir les yeux à la fille détruite. Mais on sait tous comment finit ce genre d'histoires : la fille va pourrir en désintox avec son meilleur ami ESPOIR et le "héros" va faire comme s'il était en dépression avant de devenir heureux ou célèbre (les deux ne sont pas en option). 

Dans ce genre d'histoire, la fille détruite doit se réparer toute seule. Mais pour l'instant je sors du déni, alors procédons étape par étape. Je sors de cette phase ou je crois toujours qu'un jour je pourrais compter sur des potes, que le lycée sera une grande période de bonheur, que je vais m'épanouir et réussir dans ma section, et surtout, que je vais vivre une belle histoire d'amour compliquée remplie d'une ptite dose de bonheur et d'engueulades. 

Après cette phase, il y a la pseudo-dépression. Celle dans laquelle je suis. C'est la que je réalise tout. Vous savez, la fameuse réalité qui a de la poigne. C'est pas très drôle, parce que j'essaie de combler les vides par du bonheur. 

Mais j'ai aussi un pied dans une autre phase. Celle de la réparation. Ou pseudo-réparation, parce que oui, j'ai l'impression que tout est faux dans mon monde. J'essaie de bricoler par-ci par la les relations, mais au bout de quelques jours, les écrous tombent. J'essaie de me bricoler un avenir, mais comme en plus d'être naïve je suis flemmarde, ça n'arrange pas cette construction.

Alors je suis là, je vis dans ce monde et je ne sais pas si j'y ai ma place. Je suis cassée et perdue et ce que j'ai comme bagage c'est une famille qui me soutient et de l'espoir. J'allais dire "Aidez moi à assembler les deux" mais à qui je parle comme ça ? À des pseudos héros-amis ? À des inconnus ?  

Je sais bien qu'il faut que je construise ma vie toute seule. Mais je suis pas bonne là-dedans.