Cauchemars d'enfants

rosam

Maman pose délicatement la couette sur mon corps frêle.

-          Bonne nuit mon ange, susurre-t-elle

Elle me fait une bise sur le front et quitte ma chambre. Alors qu'elle ferme la porte, je veux crier, l'appeler pour ne pas être seul. Hélas, aucun bruit ne sort de ma bouche.

Je dois être fort comme papa.

La nuit, toutes les bêtes se réveillent.

Le parquet grince.

Le vent siffle.

Le tonnerre gronde.

Le tic tac du réveil cesse.

L'heure du défilé a sonné. Le rituel commence.

Le noir est néant. Le clair de lune a disparu.

Quelque chose s'agite sous mon lit. Je n'ose regarder.

Sur mon bureau, les poupées tournent la tête. Chucky sort un couteau.

Grippe-sous me sourit et répète « Il flotte ! ».

Une sorcière s'échappe de mon armoire et vole mes peluches et jouets.

Dans une toile, huit yeux m'observent.

Les rideaux s'envolent.

Le placard parle.

Bloody Mary m'attend dans le miroir.

Les plis des couvertures se transforment en longs serpents.

Au loin un loup crie et fend le ciel en éclairs blancs.

Le téléphone sonne. « Ghostface, j'écoute ? ».

L'escalier craque.

Les étoiles se moquent.

Ma peluche tigre rugit.

Les murs se resserrent, m'emprisonnent.

Les draps me ligotent.

J'allume la lampe. Des taches noires dessinent un rictus.

Effrayé, je replonge dans le noir.

Un fantôme m'effleure.

La Grande Faucheuse montre son visage.

Je suis glacé. Je suis en sueur.

Je hurle, je rivalise Banshee.

Je tape du pied, je pleure.

Aka Manto me recouvre d'une cape rouge.

Le croque mitaine se dévoile, affamé.

Je n'ai plus que dix secondes pour survivre.

Freddy sort les griffes.

 

La porte s'ouvre. Toutes les créatures retournent dans le silence.

Maman arrive avec son beau sourire.

Elle essuie mes larmes.

Elle me serre la main et me borde dans son lit.

J'abandonne les monstres de ma chambre.

 Je dors dans les bras de maman, dans la chaleur de son étreinte.

Je ferme les paupières.

 

Tout est blanc.

Le basilic, les démons, les araignées, Leatherface, Frankenstein, les harpies, les vampires, tous m'attendent.

Mais je ne suis plus le martyr.

Je suis le justicier.

Doté d'une épée je rétablis la paix.

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