Ce jour-là, il n'a pas plu

-cassiopee-

                Ce jour-là, il n'a pas plu. Il n'a pas plu comme dans ces films à l'eau de rose que nous vend un cinéma américain pour nous faire croire que la terre tourne autour de nous et de nos petits malheurs. Non, ce jour-là, il n'a pas plu. Il n'y a pas eu de trombes d'eau, de vêtements trempés plaqués contre un corps parfait, de cheveux dégoulinants comme au sortir de la douche, de larmes qui se mêlent à celles des anges. Il n'y a pas eu non plus de doute, de regard en arrière, d'yeux qui se croisent et qui s'aiment à nouveau, de course au milieu de flaques d'eau ni d'embrassements fougueux qui veulent dire « tout est oublié ».

                Non, ce jour-là, il n'a pas plu.

                Ce jour-là, le ciel affichait sa plus grande nudité et un soleil féroce brûlait la ville. Il n'y a pas eu de tendresse mélancolique dans nos regards quand nous nous sommes dit au revoir. Seulement du vide, des voix éteintes, des yeux arides. Il n'y a pas eu beaucoup de mots parce que c'était inutile. Parler c'est arranger les choses et il n'y avait plus rien à arranger. Du moins, plus d'envie d'arranger. Pas non plus une envie de fuite, seulement cette impression que tout est égal. Que l'on a déjà trop souffert et que cela pourrait durer encore. Mais il n'y a plus l'envie. Plus cette passion brûlante qui nous faisait nous insulter et nous embrasser. Qui nous faisait jurer et baiser. Qui nous faisait croire que l'on s'aimait un peu.

                Ce jour-là, il n'y avait plus rien. Peut-être que s'il avait plu, les choses auraient été différentes. Arrosés par une eau fraîche et apaisante, peut-être que nous aurions eu la force de pleurer, de crier, de nous haïr pour nous aimer encore. Mais comme je l'ai dit, ce jour-là, il n'a pas plu. Et notre au revoir a été aussi sec et dur que le béton qui portait nos pas.  

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