Ce que j'aurais voulu te dire

melow

C'était si inattendu que je ne savais pas quoi en penser. Alors après avoir pleuré, je me suis mise en colère. Sauf que c'était trop tard.

En couple, je ne suis pas du genre affectueuse. Enfin, pas dans mes discours en tout cas. Je n'arrive pas à me prendre au sérieux la plupart du temps, ça me donne l'impression de jouer un rôle, ça ne semble jamais vrai. D'ailleurs, c'est pour ça que je n'aime pas les surnoms amoureux. D'autant plus que c'est peut-être un signe que le type en face de moi ne connaît mon prénom, ce qui est vraiment insultant à mes yeux. Pourtant, parfois, j'aurai envie de l'être (affectueuse). C'est vrai que dire « je t'aime » a une symbolique bien plus importante quand on ne le dit pas tous les jours : mais quand on se le dit, au moins, c'est authentique. Mais je ne pense pas non plus que bannir tout vocabulaire amoureux soit une bonne chose. Je pense que c'est quelque chose qui nous manquait, quelque part (sans tomber dans la guimauve évidement).

C'était bizarre de dire que nous formions un couple, toi et moi. Parfois, j'avais simplement l'impression que nous étions des sex friends. Surtout vers la fin. Je ne sais pas trop à quel moment c'est arrivé ni pourquoi (bien que j'ai ma petite théorie là-dessus) mais on ne se parlait plus, sauf pour se vanner. Ca devenait blessant. Il faut comprendre : j'aime les vannes, vraiment, c'est amusant ; mais je n'étais pas avec toi pour m'en prendre plein la tronche, mais pour le soutien, l'affection. Je crois que la plaisanterie a pris une trop grande place entre nous. Peut-être que nous nous sommes transformés en farce géante. Comme si nous n'étions, finalement, que l'image d'un couple parfait car complices.

Et c'était vrai, nous étions complices. Et on s'aimait, vraiment. Peut être pas correctement, mais suffisamment pour avoir envie d'aller l'un vers l'autre. Comme si on en ressentait le besoin. Jamais de ma vie je n'ai été aussi heureuse avec un mec. Je suis incapable d'expliquer pourquoi. Sans doute parce que dès que je te voyais, tous mes problèmes devenaient insignifiants et que je ressentais dans chaque fibre de mon être, que tu m'aimais et que je pouvais compter sur toi.

C'est important d'avoir confiance ; et j'avais une confiance aveugle en toi. J'aurais aimé en revanche, que toi, tu ais davantage confiance en moi.

Je crois fondamentalement que le problème vient de là. Je comprends très bien que tu aies eu des doutes sur tel ou tel sujet, que tu aies perdu un peu de ta superbe confiance en toi, et que ta fierté si mal placée en ait pris un sale coup. C'était normal que tu doutes de toi. Ce que je ne comprends pas en revanche, ce que je n'accepte pas, ce que tu aies douté de moi. Que tu n'aies pas jugé bon de me parler. Tu n'était pas tout seul dans le couple, et tu t'es comporté comme un égoïste, comme un enfant trop gâté, qui a l'habitude que les réponses lui tombent toutes cuites dans la bouche. Pourquoi ne pas être venu me parler ?

T'as préféré garder ça pour toi, en discuter avec tout le monde sauf moi – alors que je suis tout de même la principale concernée, comme si tu ne me faisais pas confiance. Et quand tu as eu fini de tout remuer à l'intérieur de toi (d'ailleurs, je ne suis pas sûre que tu ais vraiment réfléchi à tout ça), tu m'as balancé net que tu ne voulais plus de moi. C'est injuste : tu as eu des mois pour te préparer à cette discussion, pour penser à ce qu'il convenait de faire pour que tu sois heureux, et quand tu as pris la décision que finalement, je ne t'apportais plus les mêmes choses qu'auparavant, tu as laissé tombé. Ça me déçois quelque part, parce que je ne pensais pas que ce serait ton genre de tout abandonner.

C'est comme si tu n'avais pas essayé. Au premier doute, à la première difficulté, tu as pris la fuite.

Et c'est facile de mettre cette attente sur l'angoisse de tes concours ; d'ailleurs j'ai moi aussi mit tout ça là-dessus, même si je crois que je me voilais la face, je cherchais à me rassurer. Car même quand tu étais là, tu continuais de me manquer. Mais prendre une décision quatre jours à la fin de ceux-ci, c'est trop facile. Trouve toi une autre excuse. Je pense que tu as eu à subir trop d'un coup. Trop de pression. D'une part tes études, l'angoisse quant à l'année prochaine (je t'en veux d'avoir invoqué cette excuse pour me quitter, puisque tu ne sais encore rien de l'année prochaine), et tes sentiments pour moi enfouis sous une bonne couche de stress. C'est normal. Peut-être que tu t'es dit que si je n'étais plus là, ce serait plus simple de prendre une décision simplement pour toi ? Je ne sais pas.

C'est vrai que je devais toujours être là, comme une ombre, à rôder. Nous nous sommes rencontrés dans le cadre si particulier de la prépa, peut-être que tu y a rattaché notre image. Fin de prépa, fin du couple. 

Mais c'est là que tu t'es montré le plus égoïste. Tu avais surement besoin d'espace, et tu as fait comme si tout allait bien, par fierté. Et je t'en veux, parce que si tu m'en avais demandé, je te l'aurais donné. Peut-être que tout irait bien maintenant si tu avais eu le courage de me parler. Alors aujourd'hui, quand je regarde vers le passé, vers ce que tu m'as fait vivre, je m'interroge. Est-ce que ça en valait la peine ?

Signaler ce texte