Ce que l'amour n'est pas

alexandra-basset-9

Tu es l'écluse où s'échouent mes illusions, le point d'ancrage de mes préoccupations. Je ne sais comment contenir l'agitation, que les fantômes de nos conversations fantasment à mes nerfs précaires. Je ne sais comment éluder ton visage, sage, animé de coups d'œil rieurs tâchés de tabac froid. Tel un amant maudit, tu m'aimantes, interdit, qui jamais ne visitera mon lit, tout en blanchissant mes nuits. Je me morfonds sur l'écran noir de tes messages absents ; l'attente vaine, interminable, endigue mes velléités d'action. Je me noie dans ce silence que tu propages dans ton sillage ; tu me manques, je déchante. Je lâche ma nature pour me sacrifier à toi, ma sinistre obsession. Je deviens insipide, plus rien ne m'intéresse, si ce n'est l'ivresse, que tu distilles en moi. Quand tu n'es pas là, une terrible détresse perce mes coronaires ; mes tempes tressaillent comme des cymbales, et je deviens sourde aux vraies oraisons, de cette lamentable obsession. Aime-moi car je me méprise ; prends soin de moi car je me blesse ; aide-moi car je suis impuissante. Ton amour est valable car tu es admirable. Si tu m'aimes, alors j'aurais le droit de me relever. Je veux t'assujettir pour mieux m'enorgueillir. C'est un moyen détourné, égoïste et inapproprié, pour parvenir à me tolérer... jusqu'à ma prochaine fabulation. 
Et pendant ce temps-là, tu t'ébats, avec une autre que moi. Alors je me lamente, je te condamne, je me fustige et j'ordonne à l'écran invariablement noir, de s'allumer. Evidemment, rien ne s'éclaire, et je croupis dans mes désirs inassouvis : tu as cristallisé mes pulsions.

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