Cécile avait raison

ladyrature

Je vais te virer ! Tu vas dégager !

Fini les mails passé minuit, les textos « Je pense à toi » envoyés du fond des chiottes, le pantalon sur les chevilles. Fini les « Ja t’m » rédigés fissa au dernier feu rouge avant d’arriver chez toi ; un peu tard pour embrasser tes enfants. Huit mois.

Huit mois que tu vas la quitter, que tu DOIS la quitter, que tu ne restes que pour « l’équilibre des enfants », que tu attends qu’elle parte, qu’elle comprenne qu’entre vous deux c’est fini, que tu rêves qu’elle rencontre quelqu’un : « Ce serait l’idéal ». Huit mois que tu ne veux, ni ne peux blesser ou faire souffrir personne.

Huit mois. Huit mois de soirées solo, de week-ends bien longs, de ciné-faute-de-mieux, d’auto-radio branché sur « Rires et chansons » parce que pleurer en conduisant… En même temps, peut-être qu’avec un bon accident (mais pas trop grave), il comprendrait que je suis la femme de sa vie ?

Huit mois. Huit mois que tu me demandes le vendredi soir plein d’espoir si, ce week-end, « Je vois des copines ? ». Moi qui ai la chance d’en avoir tant ; contrairement à ta femme tellement seule et fragile aussi ... Dès fois que je t’aurais demandé de rester samedi soir. Samedi après-midi ? Oui. Oui, tu passeras. Tu pourras t’arranger.

Les copines ? Je viens d’apprendre que Cécile te surnommait « l’ignoble » P.S. : « Hélène est-elle toujours avec « l’ignoble » ? a ponctué tous ses mails ces huit derniers mois.

Huit moi. Huit mois de promesses, de « femme que j’attendais », de « celle que j’aime » de petits mots signés « ton chat », de « jamais j’ai vécu ça ». Huit mois que tu baves sur ta compagne, tellement inintéressante et tellement intéressée ; qui ne reste que pour les enfants et un peu aussi pour ton argent.

Je te vire, tu dégages. Je te place en indésirable. Je te blackliste, te cantonne, te borne, tu deviens tout petit. Je te déteste.

Je vais tout lui dire. Tu n’es qu’un salaud, une enflure, une sous-merde. Un jour ta fille tombera sur un mec comme toi. Mais qu’est-ce qu’elle a de plus que moi ? Mais pourquoi ?

Je me détache et m’apaise. Tu n’as jamais existé. Je passe à autre chose. A mieux. Et ce ne sera pas difficile.

Je viens de te virer. Tu viens de dégager.

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