CELUI QUI VIENT D'UN BERCEAU MAUDIT
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Je grandis sur des terres sauvages qui se prétendent civilisées depuis mes premiers pas et dans le bruit, dans le silence de la vie, les âmes tourmentées s'y perdent depuis l'éternité. Une éternité à crever au ralenti, à respirer la mort, à ne voir que l'ombre de la vie.
Alors je crache mes poumons, cet excédant d'air putride. Je vomis mon coeur sur le sol de cette terre maudite.
La puanteur du monde s'imprègne dans ma peau, et je baise sur la tombe des coeurs noirs. Je saigne pour deux, même après la mort, mon sang coulera encore. Je transpire dans l'enfer brûlant de ces terres infâmes, dans la chaleur réconfortante des rêves d'ailleurs. Je pleure, encore et encore, pour détruire les doutes, construire de nouveaux espoirs.
Je crache à la gueule de ceux qui pensent qu'il suffit de survivre, pour vivre.
Réellement vivre.
Mais si je m'envole, je sais que mon coeur, lui, ne partira jamais d'ici.
Alors je me crée un coin de paradis dans les profondeurs de l'enfer. Je sais que là où la terreur prend ses racines, une vertigineuse beauté surgit du sol, jusqu'à provoquer le ciel.
Je sais que la lumière brillera toujours plus fort dans l'obscurité.
Je sais qu'il est nécessaire de saigner pour comprendre cette puissance infinie. Cette puissance infinie qui nous anime lorsque l'on est en vie.
Je ne trouverai refuge que dans le coeur des miens, et s'ils sont maudits, en enfer, j'irais déterrer leur corps pour les guider vers mon paradis.