Cendrillon
alex-p
Cendrillon
Il était une fois, dans un pays très, très, lointain,/ Un brave homme qui vivait, avec sa fille et son chien,/ sa femme était morte tragiquement, en donnant pourtant la vie, / par un effroyable accouchement, à la plus belle des petites filles. / Le brave homme l’éleva seul, vivant son deuil en sourdine, / pas de regret ni de linceul, s’il était triste il restait digne, / il aimait follement sa fille, et il voulait tellement bien faire, / qu’il épousa une veuve tranquille, pour qu’elle ait enfin une mère.
Mais en dépit de sa bonté, la suite fut spectaculaire, cette fois l’enfer fut pavé, des bonnes attentions du père…
La Romance ne dura pas, par coup du sort ou manque de bol,/ Car le brave homme mourut hélas, d’une crise cardiaque dans sa bagnole,/ Tout changea pour la fillette, devenue quasi orpheline, / Car sa belle mère s’ révélait être, une marâtre des plus mesquine,/ Celle-ci n’aimait que ses deux filles, et c’est ainsi qu’notre héroïne,/ Devint la boniche servile, de ces connasses de frangines,/ Elles lui confiaient les taches ingrates, et s’amusaient à la rendre folle,/ En restant collées dans ses pates, comme le sucre au fond d’un bol.
Notre héroïne vivait l’enfer, et elle sombra dans la déprime, / Bonne à tout faire elle se mit même, à s’adonner à l’héroïne, / Et s’est ainsi que Cendrillon, devint une putain de junkie, / Dans la cave glauque du pavillon, ou l’enfermait sa belle famille ;/ Elle aurait voulu se venger, cogner ses sœurs puis les buter, / Bruler le pav’ tout ravager, mais elle pardonnait par bonté, / Beauté sauvages domestiquée, Panthère parquée dans sa cage, / Restant docile sans tiquer, malgré un cœur brulant de rage,
Mais le calvaire s’éternisa, et Cendrillon devint lucide, / Car sans avenir elle avisa, de faire fissa par le suicide, / Pour mettre un terme à ses supplices, et à sa sale vie de souillon, / Par une pulsion dévastatrice, une balle dans l’crane Cendrillon !/ Elle s’enfuit donc avant cela, par une nuit froide de décembre, / avec son p’tit sac sous le bras, blottis contre ses seins qui tremblent, /Elle se cacha dans le métro, désespérée et sans ticket,/ En s’effondrant dans un sanglot, elle s’fit un fixe sur le quai,/
Soudain, elle entendit une voix… c’était sa marraine la fée,/ Qui lui dit : « Cendrillon n’pleure pas… un prince t’attends je te l’promets»/
Par un coup de seringue magique, elle fit apparaitre une Rolls, / Orné de pierres magnifiques, et conduit par un pur beau gosse, / Cendrillon repris espoir, bien que déçue de ses habits, / Mais un autre coup de s’ringue magique, la revêtue d’une robe Gucci,/ Avec des souliers de verre, Versace dernier cri, / Cendrillon n’pouvait que plaire, mais la bonne fée l’avertit,/ « Soit de retour avant minuit, et sort couverte pas de connerie,/ Je ne t’offre qu’une nuit, » …Mais Cendrillon répondit oui,/
Et la voila qui part en Rolls, déesse moderne ou trip d’un soir, / La citrouille devenue carrosse, file vers le château dans le noir, / Sitôt Cendrillon apparut, le Prince sentit le coup de foudre, / éblouis dès qu’il la vu, flamme au contact de la poudre,/ Il l’invita pour une danse, cadencée des plus osées,/ aisément gagné par la transe, le caleçon prêt à exploser,/ ils se frottèrent avec ardeur, jusqu’à c’que l’horloge retentisse, / Cendrillon couru de peur, avant que les douze coups n’finissent…
Mais le Prince vexé empêcha, Cendrillon de franchir la porte, / Aux CRS il ordonna, de lui infliger les menottes,/ Et Cendrillon plaquée par terre, une pantoufle perdue en route,/ Fit un flash back dans les airs, pour s’éveiller près d’une route…/
Elle n’avait plus qu’une basket, mais plus d’obstacle a affronter, / Cendrillon entreprit la quête, d’être une femme enfin en paix,/ Elle continua d’faire des ménages, mais cette fois rémunérés, / enfin extraite de sa cage, elle pu alors se relever. / Très loin du prince et d’sa richesse, elle fit une croix sur son passé, / pour devenir une princesse, occultée par les contes de fée, /Cendrillon vit maintenant sa vie, de miraculé ordinaire, / dans un deux pièces près de Paris, à 500m du RER. /
Et Cendrillon n’est qu’un exemple, de conte de fée contemporain, / où la violence n’est pas exempte, et les princesses parfois putains, / une héroïne actuelle, qui a su se libérer, / d’un entourage pétri de haine, pour devenir Femme et l’assumer !
J'aime beaucoup le rythme et l'idée de moderniser le conte. C'est très sympa ce slam en effet. Bravo.
· Il y a environ 14 ans ·bibine-poivron
Très bien rythmé, un slam digne de ce nom ...
· Il y a plus de 14 ans ·Belle réinterprétation ..
selig-teloif