Cent lendemains

Mes mains d'ivoire

Caressent ta peau de moire
Explorent ton corps,
Mes mains d'argent
S'immiscent dans ta caverne obscure,
Mes mains d'or
Font jaillir mille trésors
Et fontaines au dedans de toi.
Tu es la femme 
Aux mille rivières
Et aux cents collines,
Mes mains t'ont parcourue
En des chemins
Par moi encore inconnus,
Mes lèvres t'ont révélée
Et de toi
Ont fait jaillir 
L'eau sacrée,
Je suis le marin,
Tu es la naïade,
Tu es la sirène
Au corps de déesse,
Par mes chants
Je t'ai charmée,
Et les voies du plaisir
Je t'ai révélées.
Par ma voix, 
Par la beauté de ton corps,
J'ai su réveiller en toi
Le feu ardent du désir.
Par ma lumière
Plus pure et ardente
Que le soleil
Lui-même,
Tu fus tout d'un coup
Révélée à toi -même,
Tel Phoebus naissant
Du Soleil de Pharaon
Et des bras d'Isis.
Mes bras sont des huttes de roseaux
Dont Noé fit la première arche,
Tes yeux sont la mer primordiale
Dont naquit 
Toute source de vie.
Au fond de ton vagin
Je goûte le plaisir 
Et comme l'essence de vie 
En toutes choses,
Tes lèvres sont le fruit du sacré
Et tes seins ceux des arbres du Paradis.
Ta chevelure fut le nid
Qui abrite l'oisillon perdu,
Ta chevelure est une toison
Dont le soyeux éveille
En moi mille frissons.
Par moi, bercée et accueillie
Au sein de la Nature 
Comme de l'Univers,
Par la jouissance de ton âme,
Enfin tu accèdes aux plaisirs,

Ceux de ton corps renaissant

Et de ton cœur battant.

Je n'ai pas compris

Pour quoi tu avais refusé

Mes mains sans lendemain.