Céphalée

Christian Lemoine

Ce mal de tête insidieux. Le peuplent des images contrastées mais confuses, des éclaboussures joyeuses comme des déchirements crus. Le voilà nourri d’expériences menues, inscrites en des langages sans phonétique ; leur message crypté en fait des mandalas changeants, dont les lignes se mêlent et se brouillent au gré des fulgurances et des auras, des brouillards d’éclairs vibrants courant en étincelles sous la rétine. Que vient-il raconter des troubles de l’esprit ? Quels mensonges l’engraissent ? De quelle folie s’est-il fait matelas de cassures fines, à fin de tremblements et de brûlures sous les rides du front ? Il vient, il revient. Parfois, en lente surrection au long d’une journée éraillée de lumière trop crue. Parfois, vilain compagnon d’une nuit végétative, ce corps absent qui s’éveille en même temps que le sommeil s’enfuit. Alors s’impose sa nuisance discrète au fil des heures ; jusqu’à tenter de le briser à coups de comprimés amers. Ce mal insidieux. Que suggère-t-il, du malaise essentiel ?
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