Cerisiers.
silvy-nocturne
La jeune fille marche. Le soleil joue avec ses membres blancs comme neige ; le vent s'amuse avec sa jolie robe rose et beige aux nuances bleutés et à la sophistiquée et légère traîne. Son gros sac à dos noir joue malicieusement et fait remonter l'arrière de sa robe, elle tente par intermittence de la baisser, puis elle se rend compte qu'il n'est pas nécessaire de lutter contre lui, de toute façon cela ne donne pas un résultat vulgaire. Elle a justement peur de paraître trop estivale part ce milieu du mois d'avril, mais après tout il fait plus de vingt-cinq degrés, ce n'est pas de sa faute si les autres femmes sont toutes en pantalon. Peut-être n'ont-elles pas voulu s'épiler ? Elles ont bien raison : le soleil, ce bel Hélios, partira dans quelques jours.
Elle se souvient soudain de ce tableau de Goya La condesa de Chinchón où la jolie jeune noble, âgée de seulement dix-huit ans est déjà enceinte. Elle a l'air malheureuse d'avoir été forcée d'épouser l'amant de sa Majesté -une personne manipulatrice, opportuniste, parvenue et cupide-, et c'est bien pour cela qu'elle cache son ventre rebondi : elle a honte de porter le fruit d'un usurpateur.
La jeune fille se compare à une aristocrate -à une femme troublante, courageuse et pure-, mais n'incarne-elle pas le comble de la banalité ? Oui, peut-être bien, certes même, mais au fond elle est unique et contrairement aux femmes d'autrefois elle est la seule maîtresse de son destin. Elle sera aussi fascinante que les jolis cerisiers qui s'épanouissent par son quartier, oui, sauf, qu'elle, elle mettra encore du temps avant de perdre ses fleurs roses et ne sera pas convoitée par sa beauté, mais par son intelligence.
J'aime beaucoup le premier paragraphe et toutes les images qu'il contient. J'ai un peu plus de mal à saisir le but des deux autres, mais en tout cas c'est joliment écrit.
· Il y a plus de 9 ans ·ella