C’est chiant !

Hervé Lénervé

C’est déjà chiant d’aller à un enterrement...

Oui, triste aussi, admettons. Mais quand c'est celui d'un pote et que l'oraison funèbre est dite par un autre pote qui se croit poète, c'est pire ! Surtout qu'il a bu avant pour se donner du courage et ne pas bafouiller. Trop bu, certes, il est bourré, quoi ! Heureusement que ça se passe au crématorium, au cimetière, il serait tombé dans l'trou.

« S'il vous plait, messieurs, mes dames, je vais vous lire un poème que j'ai configuré tout seul, moi-même, face à ma femme.

- Toi, notre cher champignon...

- Compagnon ! (Oui, au début, il y en a, qui essaie de le remettre sur les rails.

- Même maquignon, il n'y a pas de sot bélier. D'ailleurs, que faisais-tu, toi notre cher disparu, au temps chaud, ne te déplaise, comme métier, déjà ? On ne t'a jamais vu bosser de ta vie, tu vas, peut-être,  pouvoir te rattraper à présent ? Tu emportes avec toi, ton secret dans ta tombe scellée au silence. Fonctionnaire dispensé d'activités dans la fonction publique, peut-être ? On aurait pu le savoir en interrogeant ta femme, si tu ne l'avais pas poussée dans l'escalier. Mais ça, il ne faut pas le dire, c'est une confidence de comptoir.

A par ça, que dire, ma poule ! Que tu vas nous manquer, un temps, admettons. Si, le jour où c'était ton tour de payer la tournée. Mais aujourd'hui, tu la paies la grosse addition, pour une seconde d'inattention, à cause de la fille canon sur le trottoir, qui ne le faisait même pas. Ouais putain d'camion ! Ça devrait être interdit à Pigalle !

 

Bon après, je me suis barré, j'avais un rendez-vous chez le psy. Mais on m'a raconté que la famille était venue cracher sur le cercueil. Les gens ne respectent même plus la mort qui absout de tous les défauts et fait d'un monstre, un saint.

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