« C’est le destin. » Et la responsabilité alors ?
coco-nbks
Etre responsable de nos actes, c'est « étymologiquement » pouvoir en répondre, pouvoir les justifier, montrer en quoi ils sont fondés et justes. Etre responsable c'est aussi assumer le fait que certaines choses dépendent de nous. Nous entendons souvent cette phrase : « c'est le destin » ou plus encore « c'est ton destin ». Prenez la liberté de m'arrêter si je me trompe mais, j'aurais envie d'associer le mot « destin » au verbe « déterminer ». Déterminer une chose c'est la conditionner, lui donner des règles et l'empêcher de fonctionner autrement. Vous pensez au déterminisme ? Cela tombe bien moi aussi ! Ce système dans lequel on n'a aucune marge de manœuvre, tous les comportements sont prédéterminés par des règles. Ces règles agiraient donc à notre place… C'est l'impression que ça donne.
Si tout est déterminé, si tous nos comportements à venir ont été écrits antérieurement, cela reviendrait donc à faire taire notre liberté et donc affirmer haut et fort que nous ne sommes en aucun cas responsables de nos actes ? Et bien je pense - peut être à tord – que l'individu se sert de ce déterminisme d'une façon plus ou moins inconsciente, afin de se déresponsabiliser de tout acte.
Lorsque nos amis se mettent tous d'accord pour nous conseiller un acte important, les sentiments qu'ils expriment avec une certaine obstination viennent se poser à la surface de notre Moi. Petit à petit ces sentiments vont devenir si conséquents, volumineux, épais comme la lave d'un volcan en éruption, qu'ils recouvriront alors tous nos sentiments personnels. Nous croiront, souvent à tord, agir librement et c'est seulement en y repensant dans l'après coup que nous comprendrons et admettrons notre erreur. A la suite de l'accomplissement de l'acte en question, on peut se sentir dépossédé de toute liberté, nous rentrerions alors dans un système de pensée qui consiste à dire que nous n'avons pas agit de notre propre chef. Que c'est cet autre qui agit et non nous-mêmes. C'est le Moi d'en bas qui remonte à la surface. L'individu se croit souvent totalement libre de ces actes et parfois se proclame même sans responsabilité car le déterminisme, le destin, (les autres ?) ferait tout à sa place. Ça serait comme une défense, une mise en retrait, un petit recul face à cette responsabilité qui s'impose à lui. Un pas en arrière ou un pas de côté… Mais surtout pas un pied dedans, non. La responsabilité fait peur. Cela me fait soudain penser au locus de contrôle externe. Vous savez, ces gens qui attribuent des causes extérieures à tout leurs évènements de vie : « j'ai perdu, c'est la malchance », avec le déterminisme cela pourrait donner : « j'ai perdu mais c'était mon destin, c'était écrit de toute manière ».
Et l'inconscient dans tout ça ? Et bien l'inconscient s'il nous explique les choses, si nos décisions sont essentiellement prises sous le feu de nos pulsions, alors toute responsabilité disparaît… ? Je suis persuadée que l'inconscient joue un rôle primordial dans la représentation que les individus se font de leurs libertés et de leurs responsabilités. Mais accepter d'être responsable de ses actes, c'est en quelques sortes accepter et reconnaître l'être que nous-sommes. C'est accepter d'être avec en relation avec l'autre, mais également avec le monde dans lequel nous vivons. Parce que quoique l'on puisse dire, destin ou non, les actes que nous accomplissons viennent inévitablement de nous, de notre corps et de notre psyché. Ils portent d'ailleurs sur eux notre signature, une emprunte indélébile. Et cette responsabilité peut même parfois être partagée.
- Ce n'est pas toi, c'est moi. – Non. – Alors c'est nous deux.
Coco – Nobody Knows
Décidément, j'aime beaucoup ce que vous écrivez! Le déterminisme est souvent un alibi pour ne pas assumer ses choix, une facilité qui peut servir de couverture à de la lâcheté, de l'indifférence, de l'égocentrisme...Je suis comme vous, le côté "fatum" me hérisse. Mais on vit dans une société où de nombreux éléments sont déterminants et bloquent l'expansion naturelle. Le principal reste pour moi l'école qui ne donne pas les mêmes chances aux enfants selon le milieu d'origine d'une part, qui ensuite donne systématiquement la prime au "plus adapté au moule". Les bulletins sont déterminants comme ensuite les mentions aux examens, les concours...pour certains ce sera les appréciations d'une seule personne au bas d'un rapport de stage...Et puis il y a beaucoup de gens comme vous le dites, amis ou proches, dont les bonnes intentions finissent par devenir envahissantes au point que la personne objet de ces attentions, ne sait plus bien qui elle est ni où elle aurait été spontanément sans ses conseils. De ce fait, certains êtres prennent parfois des chemins qui ne sont pas les leurs.
· Il y a environ 10 ans ·divina-bonitas
Merci pour cette réponse très intéressante ;-)
· Il y a environ 10 ans ·coco-nbks