C’est pas bô de vieillir !

Hervé Lénervé

Moi, ce qui me fait chier !

Moi, ce qui me fait chier !

C'est cette putain de télécommande !

Qui se perd tout le temps. Cela va faire dix ans qu'elle habite ici et elle n'est même pas foutu de connaître les pièces de mon minuscule deux pièces, à croire qu'elle le fait exprès pour m'emmerder… Minuscule, pas d'accord ! Je ne parlais que pour, et, à la télécommande ! Je dirais pour nuancer, pas très grand, certes, mais tellement bien intelligemment agencé que vous auriez l'impression d'être invité au château de Versailles… chez moi… Ceci dit, je ne vous ai pas invités, car on ne peut décemment inviter une personne de qualité, qu'après six générations de drague assidue. C'est comme cela, ma très chère bonne dame de merde de cul bénis de Dieu de couilles de merde de… NON ! Je ne disais pas cela, pour vous Seigneur ! Oui ! Ok,  d'accord ! Promis, je ne le ferai plus… oui ! Trois Pater Noster ! Ok ! Pas de problème. Je suis désolé…veuillez m'excuser encore, je ne sais pas ce qui m'a pliyt, pris…excusez-moi-je-vous encore du dérangement… à bientôt…peut être… bonjour à votre dame… bon Noël… c'est trop tôt…ah, bon, tant pis.

Ouf ! Ça a passé, je ne voudrais pas avoir de problème avec l'Administration Céleste.

D'accord, je m'égare un peu, mais que voulez-vous, je suis vieux, et je ne disais pas cela (mon petit-grand intérieur, suivez un peu, bordel, quand même !) parce que j'essaie de revendre mon bien. Non ! Revenons au sujet : à la télécommande. Avez-vous remarqué, vous aussi, que les objets qui sont là pour nous simplifier la vie, nous la compliquent encore plus en se planquant un peu partout et plutôt chez qui il ne faudrait pas se planquer, au grand jamais, pour nous faire toujours chier davantage et dix de der ?

Attendez, une minute !... s'il vous plait… je reprends mon souffle, cette phrase était putaingulièrement longue.

Donc, moi… je… j'ai décidé de ne plus me faire emmerder par ces foutus machines. A chacune de mes télécommandes, j'ai attaché une chaine, du costaud, croyez-moi et le tout à un parpaing, je l'ai accroché l'autre salope. Eh, oui ! Comme ça, si l'envie de fuguer lui prend, il faudra qu'elle se la tire l'enclume. Bien fait pour sa gueule !

Maintenant, le problème est, qu'il n'y a pas que les télécommandes qui se barrent. Il y a aussi les clefs ! Paf ! Un parpaing !

Les papiers de la voiture ! Paf ! Un parpaing !

La voiture ! Paf ! Un parpaing !

Le portefeuille ! Paf ! Un parpaing !

Le portable ! Paf ! Un parpaing ! (Remarquez, moi, mon smartphone dernier cri de la technologie moderne, celle d'après JC, je ne m'en sers que pour l'heure… c'est pratique ! Non ? Bon, je continue, si vous le permettez.)

La gonzesse ! Paf ! Un parpaing ! (Remarquez encore une fois, moi, des gonzesses, ça fait un baille que je n'en ai plus, m'en fous ! Paf ! Un parpaing, quand même !)

Bon ! J'arrête, là. Vous avez compris la logique. Sinon, c'est encore plus grave que pour moi.

Bientôt mon petit-grand intérieur fut envahi de parpaings, au point où je ne pouvais plus circuler qu'en tenu de grimpeur chevronné avec chaussures de randonnée aux pieds (j'y avais ajouté des crampons, tout inox teinté en bleu, pour faire joli et plus pro, ça reste entre nous, car objectivement, cela ne montait pas assez haut, pour la neige… Chuuuut !)

Ceci dit, ma stratégie avait atteint ses limites, les limites de l'absurdité…Oh, je vous en prie, restez poli ! Je ne vous aie pas traité d'intellos, moi ! Absurde, absurde peut être… mais des Panzani ! (Eh, hop ! Cinq cents € de plus dans le goret.)

Bon, admettons, pour être raisonnable, pour me plier à vos arguments, c'était devenu invivable cette cohabitation avec le parpaing. Il fallait y mettre fin et c'est la mort dans l'âme que j'ai bazardé tous mes parpaings et le dernier dans la gueule de celui, chez qui il ne fallait justement pas les cacher… J'en ai parlé au début, suivez un peu, merde !... le voisin.

Vous ne le connaissez pas ? Veinards !

Je tiens à formuler mes excuses les plus plates et repassées aux lecteurs, auxquels j'ai usurpé, avec une certaine familiarité, des pensées qui n'étaient peut-être les leurs et que j'aurai dues remettre à la place et dans le même état, pareils et là, où je les avais empruntées. Oh ! Attendez, il suffit de leur retirer le parpaing et elles sont comme neuves, merde !

Et je profite de l'instant, je profite de l'espace, je profite de votre temps, je profite, bien mal acquis, de l'opportunité pour préciser que je n'ai aucun remord d'avoir écrabouillé comme pâté de campagne, la tête de merde de mon voisin de merde.

 

A bientôt, peut-être ?... Bon Noël, quand même… ou… Paf ! Un parpaing !

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