C'est pas la même chose ?

lespizzasjoey

Chez Sophie, dans le canapé.

 


SOPHIE. (tout bas) J’me suis inscrite sur Internet.

STEPHANIE & CAROLE. Quoi ?

STEPHANIE. M’enfin merde ! On est à Paris quand même, tu vas bien finir par le trouver ton prince charmant.

CAROLE. Peut-être qu’en achetant une baguette chez le boulanger… Ca arrive connement ce genre de chose.

SOPHIE. Bah justement, Paris c’est Paris. C’est trop grand. Et puis franchement Carole, ta scène chez le boulanger là… tu sais très bien que ça n’arrive que dans les films.

Un temps.

SOPHIE. Je cherche pas de prince charmant, merde ! Moi c’que j’veux c’est une princesse charmante. Et encore, il paraît que ça existe pas. J’veux dire… ça se saurait si un soir à minuit Cendrillon s’était cassée de chez sa belle mère pour aller embrasser la belle au bois dormant.

Carole et Stéphanie restent interdites, tandis que Sophie essaye de se calmer.

CAROLE. C’est p’t’être arrivé. Mais on nous le dit pas.

STEPHANIE. Pour pas choquer les enfants.

 

Un temps. Les filles rigolent.

SOPHIE. Paris c’est Paris, c’est trop grand. Tenez, l’autre jour je mangeais une pomme dans la rue…

Les filles la regardent avec perplexité.

SOPHIE. Donc je mange tranquille une pomme dans la rue et bam, un pigeon chie dessus.

Les filles se marrent.

SOPHIE. Un putain de pigeon ! Sur ma pomme. La probabilité qu’un truc pareil arrive c’est quoi… 0,01% ?!

STEPHANIE. Qu’est-ce que t’as fait du coup ?

SOPHIE. De quoi qu’est-ce que j’ai fait ? On s’en fout de c’que j’ai fait, j’ai jeté ma pomme et puis voilà. Nan mais le problème c’est que ce genre de trucs m’arrive tout le temps ! Je suis maladroite, j’ai la poisse, et pire : j’ai des kilos en trop. Et croyez-moi, c’est pas avec ce genre de prédispositions qu’on arrive à chopper de nos jours.

STEPHANIE. Oui, enfin ton problème c’est que tu choisis mal tes copines c’est tout. Mais j’te rassure, sur ce point je te suis parfaitement.

Sophie est dépitée, elle s’enfonce encore plus dans le canapé.

CAROLE. Bon allé allé allé là, on se laisse pas abattre, on reprend du poil de la bête. Oh ! Regardez vos verres, ils sont vides !

Sophie s’agrippe à son verre vide comme à une bouée.

CAROLE. (autoritaire) Donne !

Carole rempli les deux verres et les posent devant Stephanie et Sophie. Elles trinquent.

Carole et Stephanie boivent une gorgée, Sophie porte le verre à la bouche mais s’arrête juste avant de boire.

 

SOPHIE. C’est pas que je choisis mal, c’est que je trouve pas. C’est elles qui me trouvent. Et moi… moi j’prends ce qui vient. C’est pas de ma faute si j’attire que les mauvaises filles.

STEPHANIE. Les vilaines filles.

SOPHIE. Les connasses.

CAROLE. Les sales putes.

Stephanie et Sophie regardent Carole avec surprise.

CAROLE. Ben quoi, c’était pas un jeu ?

STEPHANIE. Donc ! Oui, bah tu sais ce qui te reste à faire.

Un temps.

STEPHANIE. (elle lève les yeux au ciel, puis son verre) Boire.

SOPHIE. Okay. (elle porte son verre à sa bouche, puis s’arrête) Boire pour oublier que je suis une pauvre femme pathétique, ou boire pour m’enlever toute inhibition ?

STEPHANIE. (un sourire au coin des lèvres) C’est pas la même chose ?

Sophie regarde Stéphanie, amusée, puis boit finalement une gorgée.

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