C'est un vélo

aile68

C'est un vélo abandonné sur le trottoir, des rubans roses aux poignées et une sonnette à toute épreuve, il manque une pédale, des rayons, la chaîne, c'est un vélo qui semble désossé, qui ne sert plus à rien, plus possible de rouler avec, de s'évader. Le récupérer, l'amener au bricoleur "les doigts d'or", le réparer et le faire revivre à nouveau, roulant sur les trottoirs et les routes, en roue libre, masque sur le visage pour se protéger d'une pollution abondante et malsaine qui accompagne les gens dans tous leurs déplacements.

Ce sont des mots que je refoule, que je préfère abandonner quelque part dans ma boîte crânienne comme des pensées que je laisse tomber et qui finiront par vieillir peut-être. Me laisser charmer, emporter par des termes joliment choisis, associés,  quels heureux mariages on peut faire parfois entre la pensée et les mots. Je ne peux commencer ma journée avant d'avoir déposer un texte, peut-être n'importe lequel, celui qui me vient en tête et qui me donne l'impression de m'inscrire dans l'air du temps qui court comme le chantait Alain Chamfort.

Associer des rimes et des sons, des pauses, des hiatus dans une phrase qui respire, se balance et me berce telle une musique heureuse de vivre, d'exister, donner aux choses, à la créativité la vie, le pouvoir auquel elles ont droit, comme ce vélo qu'on répare, ces mots qu'on choisit. Valider une existence en sursis, un bonheur mérité, revenir au monde par tous les moyens, rencontrer les bonnes personnes, des personnes en or sur son chemin, ça arrive combien de fois dans une vie? Eviter de finir sur une question, de mourir sur une problématique, de sentir le froid encore dans un ventre creux et vide.

Rattraper la vie, les choses, le vélo qui s'évade au loin, rubans roses au vent, sonnette qui trille dans l'air affolé de la course. Rattraper tous ces mots râpeux qu'on a laissés s'enfuir et les polir d'un geste doux et tendre pour ne pas mourir seul et malheureux.

  • Quand on se créé des personnages et que l'on joue avec les mots, quand on refait sa petite histoire, on rompt la solitude et sa compagne, l'ennui.
    Contrairement à ce que pense les malveillants, la solitude n'est pas un choix.

    · Il y a presque 3 ans ·
    Lwlavatar

    Christophe Hulé

    • pensent

      · Il y a presque 3 ans ·
      Lwlavatar

      Christophe Hulé

    • Merci pour votre intéressante réflexion. Heureusement je ne m'ennuie jamais.

      · Il y a presque 3 ans ·
      Coucou plage 300

      aile68

    • Je n'en doute pas un instant aile, c'est justement ce que j'essayais de dire. Quand on créé, on créé sa vie aussi.

      · Il y a presque 3 ans ·
      Lwlavatar

      Christophe Hulé

    • C'est beau! Merci

      · Il y a presque 3 ans ·
      Coucou plage 300

      aile68

Signaler ce texte