C’était hier où il fut poète -1-

ecriteuse

A mon père, un récit ponctué par ses textes.


Préface

C'était hier
Où je fus un poète
J'avais le mal des ardents
Mes yeux étaient bourrés d'étoupe
C'était un mal de cordes qui se sèchent
Au vent seul de la mer.
J'errais entre des rangées de vignes rouges
En moi s'ouvrait dans un cri
Une chute d'eau.
C'était un signe
Une révolte sous ma plume
Un trait que l'on trace en mourant.
Et tous ceux de la haut qui s'agitent
S'usent au vent de leur néant
Tandis que nous bâtissons une légende
Aussi fière que des hommes en haillons
Marchant  dans le vent. (Un texte de Roger Frey )

-1-

Il y a de ces mauvais moments dans la vie, de ces moments mal choisis, ou les masques dégringolent, plus qu'ils ne tombent, d'une façon claquante, indécente et décevante, les visages souriants deviennent très vite grimaçants. Ces moments propices qui appellent à une certaine tranquillité, à une certaine fraternité, ces moments de remise en question, ce moment cruel qu'on appel le deuil devient un chemin de croix, un chemin sec et glacial, un chemin de solitude parce que vous êtes, tout simplement du mauvais côté de la famille, une famille qui n'a jamais été recomposée mais décomposée.

Un deuil, un départ vers l'au-delà  qui vous laisse seul, abandonné, un départ injuste puisque le fugueur est celui-là même qui à décidé un jour de votre venue au monde.

Très vite, la désillusion deviendra l'introduction cruelle à des mois et des mois de cauchemar. Un temps qui bousculera l'idée que vous aviez de l'humanité de l'un et de l'autre.

 

Mon père décédé deviendra un être multiple, il deviendra plusieurs et ce mettra du jour au lendemain de sa mort à avoir vécu plusieurs vies, Rockeur, Baron de la nuit, Journaliste, père de… , mari de….et de ….le père de ….et de …Le mien de père était poète.

 

Pas de lieu pour vous recueillir puisque les cendres du  Père repose dans le jardin de la maison familiale, familiale pour tous mais pas pour vous. On vous interdira même de laisser à ses côtés une plante aux  fleurs innocentes .

J'ai quitté la maison avec quelques manuscrits et son odeur enfermé dans un tee shirt.

Je suis partie dans le vide. Je n'avais plus personne et je n'étais plus personne.

 

Trop vite après, on vous téléphonera et votre père deviendra le « défunt » là vous entrez dans un monde inconnu « Bienvenu en enfer, signé Mr le Notaire »

Entre temps et  entre  testament, on parlera  -Le défunt-  Une langue étrangère ou tout est dit et écrit . Des mots pas beaux surgissent  -Usufruit- Nu propriété,- Acte notarié- Indivision. Les chiffres font partis de la langue avec beaucoup de pourcentage….1/4 1/3 comme dans une recette de pâtisserie.

- J'ai combien de pour cent de mon Père dit Monsieur le notaire ? Mais je confonds avec l'ADN, damned.

On ne parle qu'aux intéressés les Zhéritiers., ceux à l'intérêt et principal.

On viendra même déchirer vos sentiments, votre amour, votre histoire. « Tu était infernale, tu l'as fait pleurer, que de soucis tu lui a donné etc…. Votre Histoire commune  qui n'appartient  qu'à vous, sera bafouée et salie. En bref, on essayera de vous dégager, de vous tuer. 

Alors comme pour vous rassurer, vous le priez pour qu'il vienne se glisser dans vos rêves, vous repassez en boucle les derniers moments de sa vie, les derniers coups de téléphone, vous relisez ces mails pour vous apaiser et retrouver un peu de son amour, un peu de votre vérité. Vous, vous plongez dans sa poésie, pour l'entendre parler votre papa et oublier cette putain langue
de -Defunt-

 Et puis cette promesse à tenir , ce dernier dialogue la veille
de son départ, « je publierais ton dernier manuscrit. »

Il me répondra , "Toi tu dois continuer à écrire."


  • C'est vraiment bien, en le lisant je me sentais triste, il m'a vraiment touché, j'ai hâte de savoir la suite. J'espère qu'elle va continuer à écrire!

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Large (9)

    freedom_sr

    • bin que oui, elle va continuer....

      · Il y a plus de 10 ans ·
      Marianne orig

      ecriteuse

  • Bien? Bien sûr! Et surtout en devenir, en chemin : sur les traces du fugueur, le narrateur est parti dans le vide. J'attends la suite, savoir quelle piste vous choisirez parmi toutes celles que vous nous donnez à espérer.

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Sylviane doise  petite narratologie du quotidien  rip

    gameover

    • Merci beaucoup :)

      · Il y a plus de 10 ans ·
      Marianne orig

      ecriteuse

  • Merci de donner librement votre avis....Une écriture en direct sur "welovewords" vous êtes mes relecteurs qui me diront si oui ou non , si bien pas bien ...

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Marianne orig

    ecriteuse

Signaler ce texte