C'était hier où il fut poète -10-

Tu te demandes, si l'écrivain doit être forcément solitaire, si cette solitude est voulue ou non, ton père se sentait-il seul ? A lire ses écrits certainement, tu sais qu'il ne pouvait partager son monde avec l'extérieur, il plongeait en lui doucement et retrouvait ses premiers chemins,rêveries d'un promeneur solitaire, un autre. Tu t'étonnais de voir tant de monde à l'église lors de son enterrement, lui qui ne voyait plus personne, certains visages familiers t'ont rassurés les autres était-ils là pour d'autres raisons, la mission municipale du fils, certainement. Tu n'as pas flanché et tu as lancé ta dernière déclaration d'amour à ton père avec le bon Dieu pour témoin, tes derniers mots qui te feront, le temps d'un poème, sortir de l'ombre. Certains s'étonneront - Ah il avait une autre fille - Le serrage de mains fut long, très long, tu étais dans le rang familiale, une dernière fois
"A la vie à la mort " la mort était là, la sienne mais ils tenaient la tienne de vie entre leurs mains, tu étais juste et injustement en sursit.

Le jour viendra

Ce jour là

Tu ouvriras grandes toutes les fenêtres
Et le chat pourra dormir dans le salon
Il y aura du soleil
De la lumière
Beaucoup de lumière
Les oiseaux seront nombreux dans les branches
Ils chanteront
La nuit viendra doucement
Tout doucement
Ma voix se mêlera alors à celle du vent
S'éloignera doucement
Tout doucement
Mais il restera une part de moi
Autour de vous

Roger Frey