C'était hier où il fut poète -3-

ecriteuse

A mon père, un récit ponctué par ses textes.

-4-

Durant ces dernières heures passées avec lui, j'avais bien conscience qu'une vie s'en allait mais pas seulement, une partie de ma vie aussi disparaissait, terminé l'amour inconditionnel, le regard bienveillant, les échanges littéraires, terminé sa protection rapprochée. A moi les gilets par balles, j'étais face au peloton d'exécution, on m'avait prévenu quelques mois au par avant, « Ne téléphone plus à ton père, ne donne plus de tes nouvelles, il se fait trop de soucis pour toi….-fin de communication- » Flinguée par ces mots pas beaux, j'ai obéi aux ordres de la commandanture et j'ai fait silence. Mon père malade a réussi à me relever encore une fois. Tomber dans la pauvreté est pour certain un pêcher dont tu devrais de dépêcher de mourir. Quand tout va bien, bon job, bel appart, jolies relations, que « l'On t'aime » mais que « l'On t'aime ». 

Première réaction de la famille décomposée, couper tes vivres et faire les comptes, toi « la pauvrounette qui joue à l'artiste » on te fait vite savoir que tu comptes que pour du beurre et que tu es si esseulée que même ta promesse de publier ton père on te l'accordera pas. On t'accordera rien tout est à nous.

Je suis contente d'avoir réclamé un prêtre aux dernières heures de mon père, et d'avoir ouvert en grand la fenêtre de sa chambre pour qu'il puisse sentir son ciel et son jardin , respire Ppa avant de partir. Je suis heureuse qu'il s'en soit  allé avec moi et qu'il m'ai offert son dernier souffle, notre dernier tête à tête. 

La vie c'est drôle
Comme un jeu de rôle.
T'as ou t'as pas la baraka
Tu né fils à papa
Tu né enfant soldat
Ya le Sud ya le Nord
Ya les bons ports
Ya les coups du sort
Et le bon dieu s'amuse bien
En agitant ses ptits pantins
Ses anges font les malins
Et sonnent le tocsin
La vie c'est drôle
Un vrai jeu de rôle
C'est comme la Vième Avenue
Avec le côté des parvenus
Et celui des culs nus..
Roger Frey
Signaler ce texte