C'était pas l'histoire

aporie

C'était pas l'histoire d'un pantalon en flanelle et d'un demi-pèche en terrasse.
Pas non plus l'histoire d'un collier de pierres et d'un canapé gris.
Pas celle d'une paire de chaussures abandonnée devant l'entrée et d'un plat de spaghetti.
Encore moins l'histoire d'une robe en tulle bleu et d'une cigarette. Toujours pas celle d'une paire de collants noir et d'un café allongé.
L'histoire d'une énième paire de chaussettes dépareillées et d'une culotte en dentelle ?
Bien que ça ait pu y ressembler, ça n'était pas ça non plus.
L'histoire d'une écharpe détrempée par la pluie et oubliée sur l'accoudoir, et d'une autre, empruntée sans prévenir ?
Toujours pas.  

Il y en a eu pleins, des petites histoires autour de la nôtre.
Notre histoire, qui n'avait pas grand-chose d'une grande histoire.  

Le pantalon en flanelle est sur son cintre, le verre de bière est vide.
Les pierres du collier ne sont plus les mêmes, et bien que le canapé n'est pas changé, il en a vu passer des culs depuis.
Les chaussures ont fait du chemin et sont usées, et le plat de spaghetti n'est plus qu'un souvenir.
Si la robe est légèrement usée, la cigarette, elle, est entièrement consumée.
Les collants sont émaillés, le café fini.
Les chaussettes sont dépareillées, la culotte en dentelle déchirée.
Les écharpes n'ont jamais retrouvé leur véritable propriétaire.

Toutes les petites histoires ont eu leur conclusion. Pas la nôtre.

Notre histoire, qui n'était peut-être, au final, que la petite histoire dans la grande aventure d'une paire de chaussettes dépareillées et d'une culotte en dentelle.

Toutes les petites histoires ont une fin, ici s'arrête la nôtre.

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