"Cette nuit à ses côtés c'était spécial et nouveau."

Toujours avec son air blasé que l'on n'arrive pas à décrypter.
Margot, je la voyais tous les soirs descendre la rue des magnolias avec toujours à son bras sa bouteille de vodka. Elle marchait un peu de travers et elle riait toute seule, elle déblatérait des choses insensées mais un jour j'eus l'envie de l'écouter.

...

- [...] t'entends le bruit de mon coeur défoncé, piétiné, fracassé. Écoutes-le crier d'être soulagé, d'être réparé. Ah non merde, tu peux pas l'entendre parce que t'es parti trop loin, l'écho de ton au revoir résonne encore dans mes tympans fragilisés à force d'entendre tous ces mongoles bourrés qui me crient "Margot paye nous une autre tournée".

Je me demande à qui elle parlait, elle était là allongée sur le goudron de l'autoroute, je ne voyais pas très bien ses yeux mais je pouvais voir qu'ils étaient sans vie. Ils étaient rouge sang, rouge coquelicot, je vous jure ils auraient pu éclater dans la minute où je les contemplais.

Puis mon regard passa par ses cheveux blonds ondulés qui lui caressaient la poitrine. Ses yeux - je ne pouvais pas discerner leur couleur - ils étaient comme sans vie, inertes, n'agissant plus, comme plongeaient dans un monde sortit tout droit de son esprit.

Ma mère m'appela pour me dire d'aller me coucher, je m'apprêtais à fermer les volets quand je la vis me regarder, elle me fit un signe avec sa main, elle levait son pouce vers le haut comme pour me dire "tout va bien, je suis encore vivante" alors qu'en fait tout s'effondrait en elle, elle redevenait poussière et personne ne pouvait rien y faire.