Cette petite voix me dit...

Je sens une extrême fatigue, depuis longtemps ignorée. Je restais aveugle à tout ce qui me tombait dessus, je poursuivais inlassablement. Mais maintenant toutes mes ressources sont épuisées, je n'ai plus la force de continuer. Je n'en ai plus non plus le courage. On m'a trop souvent malmenée sans que je me plaigne.

À qui la faute ? À moi seule probablement. Je suis une proie facile. Naïve, docile, aimable, faible. On me ment, on me trahit, je pardonne, j'oublie. Grossière erreur que d'oublier. Je me disais qu'en étant serviable, gentille, toujours prête à aider,... on me le rendrait toujours.

Ma pauvre sotte ! Comme tu pouvais te tromper !

L'instinct humain est d'utiliser puis de jeter. J'ai compris bien trop tard. Non, ils ne sont pas méchants, c'est juste moi qui leur donne une trop grande opportunité de se servir de moi et de ne rien donner en retour.

Je me relèverai, je recommencerai, je continuerai. Je ne vais pas tout laisser, il me faut juste le temps de récupérer. Je ne suis pas la pauvre idiote qu'ils voient chaque matin arriver toute souriante. C'est un masque, une façade. Un jour il tombera. Je ne sais pas ce qu'il se produira mais ils comprendront que c'était un erreur. Ils regretteront et tout ira mieux.

Oublie ça. Il n'y a qu'à toi que peux mentir comme ça !

J'ai conscience que j'espère beaucoup mais je refuse de baisser les bras. Je ne veux pas perdre foi en toutes ces personnes. Je préfère continuer de penser qu'elles sont perdues et qu'elles vont finir par retrouver le bon chemin.

Je me force à maîtriser cette voix dans ma tête qui se borne à me dire que tout est perdu, qu'il n'y a plus d'espoir. Il y a toujours un peu d'espoir. Même s'il se réduit à une petite braise il y a toujours moyen de raviver la flamme. Un seul souffle peut tout changer. Si je garde espoir alors tout n'est pas perdu.

Mais s'il n'y a que toi qui garde espoir, la flamme finira par s'étouffer.

Malgré tout, cette voix pessimiste m'aide à ne pas sombrer dans la folie. Elle me permet de garder les pieds sur terre et de ne pas en attendre trop. Elle m'équilibre.

Il arrive parfois que les choses changent, en mal ou bien peu importe. Elles changent et nous changent. On est atteint par ce changement et tellement parfois, qu'on le refuse. C'est parce qu'il se peut que ce changement nous sépare de personnes à qui on tient beaucoup et qu'on ne veut pas perdre. On se force alors à faire comme si tout était normal et que rien n'avait changé. Mais c'est en vain. Si ça doit changer on va seulement se faire du mal à le nier.

Tu ne peux pas tout perdre au change.

Si la voix le dit... Il faut que j'accepte ce changement. Peut être qu'en fin de compte il va s'avérer être bon. Ou moins mauvais que ce que l'on pense. Je dois laisser les personnes s'éloigner de moi au lieu de les laisser se servir de moi pour les retenir. Je me fais du mal et ils finissent quand même par disparaître. La séparation aussi fait mal. Mais on peut ensuite avancer sans remords. S'ils doivent revenir ils reviendront. Et ce sera à moi de voir si la douleur est partie ou pas. Si elle est partie, on peut reprendre de nouvelles bases et recommencer. Sinon il vaut mieux ne pas essayer. On courrait le risque de reproduire les mêmes erreurs.

Finalement on peut peut être s'entendre...

Finalement si j'accepte d'entendre raison, je peux raisonner la voix dans ma tête. Si on est en accord, les choses sont plus simples... Cette voix c'est moi. Moi qui tente par tous les moyens d'être réaliste. De ne pas voir le monde en rose mais pas en noir non plus. C'est un nuancier de couleurs infini.

Cette voix veut aussi être entendue et si moi même ne l'écoute pas, qui le fera ?

Parmi des milliers de nuances, je peux trouver celle qui s'accordera le mieux à la mienne, qui m'entendra et qui me comprendra.

Mais maintenant il faut se relever et aller la chercher !