Chambre 26

Alice Gauguin

Chambre 26. Ses murs, verts, couleur de l’espoir comme pour chasser tous nos déboires. Ses murs, qui, sans le savoir, renferment mon histoire et cette douleur qui s’apparente parfois à la terreur. Terreur de vivre, cette douleur. Je porte aujourd’hui cette lettre, d’une écriture tremblante, mais sans doute moins hésitante qu’une verbalisation orale qui laisse échapper trop de détails qui me tiraillent. Alarmante.

Chambre 26. Sept ans déjà. La lassitude, le découragement, le manque de force et de désir, l’appel du sommeil comme vecteur de temps puisque l’expression, je cite « il faut donner du temps au temps ». Autant de temps, déjà. Les rares et brèves symbioses avec la vie, le vent, les couleurs plus saillantes, l’enivrante euphorie, le partage, la liberté, la vie légère et l’insouciance. Le reste, sans pas à pas le gouffre s’ouvre. Je suis déjà au fond. Je souffre. Ineffable d’expliquer cette douleur. Faire taire. Gorge nouée, spasmes et douleur à la poitrine. Pleurs, bien que l’oasis soit trop souvent asséché. Qu’importe, qu’y a-t-il à expliquer ? C’est là, propre à chacun, qui restera en moi laissant l’empreinte d’un : je ne veux plus vivre.

Chambre 26. Plus vivre cette vie là. La mort ne me fait pas peur, son véhicule si. La mort m’est interdite. La mort est punir ceux qui vous aiment. Ceux qui vous ont conçu car tellement voulu, le frère qui souffre déjà, l’homme qui vous aime. La culpabilité de gâcher la vie d’autrui. Je ne veux plus vivre, non pas mourir.

Chambre 26. Alcoolisation. Excès, abstinence, excès, abstinence. De quelle côté penche la balance ? Cette détresse n’est ni rationalisable, ni raisonnable. Sevrage, tremblements, vertiges, troubles de la vision (mais voyais-je avant ?), migraine. Ou tout simplement manifestation d’un trop plein. D’émotions, de thérapies médicamenteuses.

Chambre 26. 60 cigarettes par jour. Fumer tue.

Chambre 26. Tuer la douleur à sa source ?

Comment ne plus s’écrouler dans une tête qui dit : je ne dois pas mourir mais ne désire plus vivre.

« Le besoin de l’excès, ce n’est pas le goût de l’égarement mais celui de la vie » (Baudelaire). Un excès de souffrance, alors. L’excès de vie ?

Chambre 26. Sauve d’autres gens.

Moi je suis encore là, à attendre le miracle.

Je n’ai pas refermé mon histoire.

  • "je ne veux plus vivre, non pas mourir", quelle belle vérité !

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Swinger 750

    nina-nine

    • Merci! C'est tellement ça. Je pense qu'au fond personne ne désire mourir, mais juste taire la souffrance présente donc la vie, il y a amalgame. Le résultat en est malheureusement le même, le suicide.

      · Il y a plus de 10 ans ·
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      Alice Gauguin

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