Chant de bataille

evinrud

Ses pieds martèlent les pavés, comme si la vieille pierre pouvait se fendre sous ses talents qui ont traversé la ville.

Elle bat la rue, l'artère principale, la ruelle silencieuse, le trottoir étroit, la signalisation n'existe plus.

Il n'y a que le chemin en pointillé sous ses chevilles.

Elle plante ses talons aiguilles dans les flaques, la boue, et tout le relent de l'humain qui jonche le sol trop chaud de ses miasmes et des bouillons de sueurs. Désirs sales. Désirs qui n'existent que sur la scène des idées. Saleté non désirée.

Elle souhaiterait augmenter le pas, aller plus vite, gagner en force, gagner en lumière, que les lampadaires ne soit plus que faisceaux frémissant sur sa peau. Parce qu'à cette heure-ci elle n'est plus que peau. Elle a quitté l'oripeau du passé, n'étant que fuite des pieds. Jusqu'à la tête.

Corps jusqu'au bout de la nuit, elle entaille les gouttières, se croit clou en enfer.

Enfermée dans son intériorité la plus profonde, elle reste cependant à l'écoute de la ville qui résonne sous ses pieds. Étant allée si loin dans son être, elle peut à présent accueillir tous les bruits de l'extérieur, ce sont à présent les siens.

Tellement assommée d'elle même qu'elle s'approprie chaque élan de voix, chaque cri de ferraille. La vie comme son propre champ de bataille.

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