Chaos - Chapitre 1

Mylène Marle

Voici le début d'un projet qui m'a beaucoup tenu à coeur pendant plusieurs années. Je profite de l'été et d'un début de vacances pour le dépoussiérer et le soumettre à votre appréciation.

      Ésis essayait de se libérer de la poigne de son ennemi mais celui-ci l'entraînait irrémédiablement vers le vide. Le visage de l'homme, paré d'une froide détermination, ne laissait au contraire paraître aucun effort. Seule s'y peignait peu à peu une impatience qui grandissait à mesure qu'il tirait le jeune garçon à sa suite.

      Au comble du désespoir Ésis planta ses dents dans la main de son tourmenteur. En retour, il reçut une gifle cuisante qui l'assomma à moitié.

      - Que ça te serve de leçon ! lui dit l'homme. Je n'ai pas de temps à perdre.

      Ésis aurait tout donné pour lui échapper, mais que pouvait faire un enfant de douze ans contre un adulte grand et fort ? Contraint d'avancer, il vit petit à petit le vide se rapprocher, obscur, mauvais.

      La créature qui s'y tenait poussa un grondement en le sentant.

      C'est fini, pensa Ésis.

      Soudain, il aperçut son amie Aïtia qui entrait en trombe. Elle se jeta sur l'homme avant qu'il ait le temps de réagir et le plaqua au sol. De surprise, il lâcha le garçon, qui s'écarta bien vite mais ne sut où aller, car il se trouvait sur une étroite passerelle qui occupait la salle entière. Aïtia et l'ennemi luttèrent pendant quelques secondes. L'homme répétait à la jeune femme d'arrêter, d'obéir à ses ordres, mais elle refusait.

      Finalement, il parvint à se libérer et se saisit aussitôt d'Ésis, qu'il souleva sans peine. Aïtia, qui tentait de se relever, se vit cruellement repoussée d'un coup de pied.

      - C'est trop important, ne t'en mêle pas ! lui lança l'homme.

      Puis il jeta Ésis dans l'abîme obscur. Dans sa chute, le garçon eut le temps d'apercevoir la créature juste en-dessous de lui, dont le visage de verre poli se tendait vers lui comme s'il s'était changé en caoutchouc.

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