I.
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Lorsqu' Annie sortit les cartons, remplis de décorations de Noël du grenier, elle découvrit un cadre photo représentant sa grand-mère avec un homme qu'elle ne connaissait pas. Longtemps elle retourna la photo entre ses mains. Qui était-il ? Elle réfléchit un instant : et si c'était un secret ? Annie passa sa main sur son pantalon, essuyant la poussière qui la maculait. Elle s'enfonça davantage dans le grenier avant de tomber sur un album entier de photos. Elle l'ouvrit et découvrit plusieurs photos provenant du mariage de ses grands-parents, puis de celui de ses parents. Elle ne pu réprimer un léger sourire lorsqu'elle se reconnu sur les photos de mariage. Vêtue de sa belle robe rose, on aurait dit qu'elle était un chou à la crème. Et ses yeux glissèrent sur la silhouette filiforme de sa mère. Elle la trouvait si belle avec sa robe de mariée en mousseline. Annie passa soigneusement ses doigts sur la photo, contournant les formes de sa génitrice. Ca faisait un bout de temps qu'elle ne l'avait pas vue, et ça commençait à lui peser. Elle préféra passer à la page suivante et découvrit une photo similaire à celle qu'elle avait trouvé dans le cadre, quelques instants auparavant. La différence c'est que cette fois-ci l'homme souriait et les deux personnes se regardaient amoureusement. Annie n'osa pas penser qu'il avait été l'amant de son adorable mamie.
Elle s'assit sur le parquet du grenier et feuilleta l'album rapidement. Elle trouva plusieurs photos de cet homme. Et plus elle en voyait, plus elle se demandait ce qu'il avait été pour que l'album comporte autant de photo de lui. La demoiselle passa sa main dans ses cheveux, cherchant désespérément dans sa mémoire pour être sûre qu'elle ne le connaissait pas. Elle avait vu énormément d'hommes se presser à la porte de sa grand-mère lorsqu'elle avait perdu son mari, mais jamais elle n'avait vu des yeux aussi clairs, elle s'en souviendrait. Cet homme n'était donc pas venu présenter ses condoléances à son aïeule.
La voix de Madeleine résonna dans le grenier : elle demandait à sa petite-fille de redescendre. Cette dernière mit quelques temps à répondre. Elle réfléchit à ce qu'elle avait découvert ici. Est-ce qu'elle avait raison en pensant que sa mamie avait un amant ? Elle espérait que non, qu'elle se trompait sur toute la ligne, elle croisait presque les doigts. Elle se releva, lissa les pants de son pantalon et épousseta son pull. Elle racla sa gorge et d'une voix forte, elle répondit :
- J'arrive mamie, deux petites minutes.
Elle ramassa les cartons, posa dans l'un deux le cadre photo et l'album puis souffla avant de redescendre par l'escalier. A son arrivée, son aïeule disposait des gâteaux à la cannelle aux formes insolites dans une boite aux motifs de Noël. Annie déposa le carton dans le couloir avant de rejoindre la vieille dame dans la cuisine. Cette fois, sa grand-mère était en train d'enfourner de nouveaux petits gâteaux, au cacao. Madeleine tendit le bol à la jeune fille, l'invitant à manger le reste de pâte, collé aux parois du récipient. Elle ne se fit pas prier et se précipita sur la pâte. Sa grand-mère ne put résister à ce sourire qui lui brûlait les lèvres. Malgré qu'Annie ait vingt ans, elle avait toujours son âme d'enfant et c'est ce que Madeleine préférait chez elle.
Pendant que sa grand-mère nettoyait la table, la demoiselle s'installa sur l'une des chaises. Elle réfléchit à comment aborder le sujet. Elle ne voulait pas être trop directe, ni la faire mijoter et elle ne trouvait pas le juste milieu. Elle triturait ses doigts nerveusement et sa mamie le remarqua. Cette dernière rinça l'éponge qu'elle avait utilisée pour nettoyer la table et s'installa aux côtés de sa petite-fille.
- Qu'est-ce que qu'il y a poussin ?
- J'ai trouvé une photo dans le grenier, une photo d'un homme et de toi. Et j'aurai aimé savoir qui était cet homme.
- Quelle photo ? Montre-moi.
Annie se leva et partit chercher le cadre dans le couloir. Elle souleva l'objet, regarda la photo, lui cherchant des défauts, en vain. La photo était parfaite, on ne pouvait pas trouver une chose qui ne soit pas à sa place. Elle détacha ses yeux du visage angélique de l'homme et retourna dans la cuisine. Elle déposa soigneusement la photographie sur la table, devant sa grand-mère et se plaça à ses côtés.
- Ho, Charles, laissa-t-elle échapper tandis qu'elle caressait le visage de l'homme. Tu te demandes surement ce qu'il représentait pour moi ?
- Oui, mamie. J'ai pensé à un amant...
Madeleine se tourna vers elle, outragée.
- Mais je ne te voyais pas faire ça à papy. Je n'ai pas trouvé d'autres possibilités.
- Ho non, chérie, ce n'était pas mon amant, elle marqua une pause. Tu veux une tasse de thé ?
A cette demande, Annie hocha la tête. La vieille dame prépara de l'eau qu'elle mit à chauffer, puis elle disposa sur la table deux tasses et la théière chinoise que lui avait rapporté le frère de la jeune femme pendant l'un de ses voyages. Elle sortit quelques biscuits de la boite de Noël et les déposa sur une assiette puis elle les plaça devant sa petite-fille. Cette dernière en prit un, croqua dedans et savoura le gout de cannelle qui imprégna ses papilles. Madeleine se rassit une fois le thé servit. Elle joua avec ses cheveux avant de tapoter la main d'Annie.
- Je vais te raconter, si tu le veux, ainsi tu pourras comprendre qui était Charles.
La demoiselle lui répondit affirmativement, s'asseyant confortablement sur sa chaise. Sa grand-mère se tourna vers elle, humecta ses lèvres, but une gorgée de son thé et se décida à commencer son récit au jour de leur rencontre.