Chapitre 29 - LE RETOUR D’UNE BREBIS ÉGARÉE

suemai

Je comprends que ça puisse te sembler étrange, Fletch, mais Amber est une jeune fille bien particulière, très différente de nous.

— Amber, tu t'apprêtes à commettre une belle bourde, tu sais ça?

— Tiens donc… raconte-moi Fletch, c'est Vanity qui t'envoie?

— Vanity n'a rien à y voir. Je veux te parler du «Cisailleur.»

— Je te ferai remarquer qu'il s'agit d'une suggestion de ton patron.

— Oui, je peux l'imaginer, parfois il prend… il prend des décisions, heu… légèrement inconsidérée. Le «Cisailleur» c'est… tu permets que je laisse entrer Vanity et Stan?

— Vous vous faites des partouzes maintenant?

— Ne sois pas aigre, Amber, laisse-moi te montrer certaines choses et tu décideras par la suite. J'aurais une possible solution de rechange.

Sous l'évidente incrédulité d'Amber, Vanity et Stan entrèrent. L'atmosphère n'était pas aux acclamations de joie. Stan brancha à nouveau son micro-ordinateur à la télé du saloon et laissa les commandes à Fletch, qui invita Amber à s'approcher. Il se logua au site du «Federal Bureau of Prisons» et tapa «St-Petersburg» suivit d'un code d'accès.

— Regarde-ça Amber, il s'agit du dossier du «Cisailleur.»

— Je regarde et je t'écoute Fletch!

Fletch ouvrit le fichier complet et débuta.

— Voilà sa photographie lors de son incarcération il y a maintenant 25 ans dans la prison fédérale de St-Petersburg.

La photo d'un type à l'air blafard, aux yeux de rats, squelettique, un sourire difforme lui fendant les lèvres, apparût sur le grand écran. Puis, Fletch poursuivit avec des photos de cadavres horriblement mutilés, certains édentés, d'autres le visage pratiquement arraché. Dans des pots de formol se retrouvaient des cœurs, des reins, des yeux, des langues, un véritable cocktail anatomique.

— Cet homme, Amber se nomme «Sirus Pardinham», connu sous le pseudonyme de : Le «Cisailleur.» Il a été reconnu coupable de plus de 50 crimes perpétrés sur femmes, hommes et enfants de tous âges. Il fût condamné à plus de 1000 années de prison fermes, une valeur symbolique signifiant la perpétuité. Il s'agit d'un ex-médecin, psychopathe qui fut à la source de tout ce que tu vois, ce qui couvre une période de dix ans. Des analyses psychiatriques ont démontré qu'il souffrait d'une forme de nécrophilie avancée et de sadisme aigu. Toujours selon ces psychiatres, son seul contact avec la réalité ne résidait que dans ses supposés travaux anatomiques; ce que tentait, vainement, de faire valoir son avocat. Sur tous les corps, on retrouva des échantillons de son sperme et, ce, dans tous les orifices que tu peux imaginer.

Fletch laissa débouler les photos plus horribles les unes que les autres. Des corps totalement déchiquetés et empilés comme du bétail. Ils étaient tous méconnaissables. Fletch ajouta qu'il fallu plusieurs mois avant de tous les identifier. Amber regardait tout, l'air impassible, comme si plus rien ne l'affectait. Elle se servit un verre.

— Alors, Fletch, ta solution de rechange. Il me faut du costaud, parce que ce Cringos a causé autant de dégâts, sinon plus à ma connaissance. Il va devoir nous indiquer le chemin à suivre pour que nous mettions la main sur sa bande. Notre marge d'erreur se résume à zéro. Ça vaut pour mes gars, autant que pour tes éventuels copains.

Vanity et Stan engloutissait des verres et des verres de whisky, devant toutes ces images d'horreur et surtout, dans la perspective de la présence de ce malade à Tuxton.

Laissant l'image du psychopathe en gros plan sur l'écran, Fletch sortit un moment et revint avec un mec dont la laideur demeurait indescriptible.

— Amber, voici le soldat, première classe, Landström, surnommé «Casanova» par ses amis du peloton.

— Ahhhhhhhh!!!!!!!! S'écrit Vanity tout en s'étouffant, mais… mais… ce qu'il est laid! Mais laid! Le véritable sosie du psychopathe.

— Vous savez, monsieur, avec quelques chirurgies, nous pourrions vous rendre un peu plus potable, suggère Stan.

— D'accord Fletch, je vois où tu veux en venir, il possède de l'expérience?

— Non Amber, il s'agit d'un type tout à fait normal, enfin…

— Et pourquoi ce pseudonyme de «Casanova» et ce «enfin…»

— Bien, poursuit Fletch, c'est qu'il obtient beaucoup de succès auprès de ces dames.

— Tu m'expliques ce phénomène?

— Bien, Amber, c'est un peu délicat. Disons qu'il possède un…

— Un…?

—      Un…?

—           Un…? «Demandent-ils tous à tour de rôle.»

— Oui, tu sais, le… l'engin comme vous dites.

— Un minuscule pénis, finit par presque rigoler Amber.

Le soldat Landström, pratiquement insulté, baissa son pantalon, puis son slip. «Voilà l'engin dit-il!»

— Ahhhhhhhhhhhh!!!!!!!!!! Monnn dieu, s'étouffe de nouveau Vanity, mais c'est quoi ce truc!!! Sa mère s'est accouplée à un Boa constrictor?

— Monsieur, enchaîne Stan, je pourrais mesurer, qu'à des fins statistiques, il va de soi?

— Non mais, Landström, tu vas me ranger ce… ce… ce machin, s'énerve Fletch. Tu peux sortir maintenant.

— Alors, lieutenant Fletch, si on parlait de choses sérieuses?

— Mais, c'était du gros sérieux, ce machin Amber, s'égosille Vanity se servant un cinquième verre.

— Oui, un beau spécimen, ajoute Stan.

— Donc, tu me proposes d'utiliser ce type et son machin pour faire parler le Cringos?

— Non, Amber, le type sans le machin.

— Zut alors, articule difficilement, Vanity, pratiquement ivre.

— Non mais Amber, tu as vu sa tête, il ferait peur à un moustique. On lui passe la blouse blanche, on dépose des instruments de torture sur une table de métal, tu ajoutes des projos et le tour est joué. Ça demeure de l'incarcération, mais du moins, pas de la torture.

— Mais il sert à quoi ton mec, Fletch?

— Un élément dissuasif, Amber, et crois-moi, ça va fonctionner à merveille. Aussitôt qu'il verra Landström, une pince à sectionner à la main, bien, ton Cringos il va se pisser dessus. Il se sentira constamment menacé et il obéira au doigt et à l'œil. Ce n'est qu'une simple question de perception. Qu'en dis-tu?

— C'est vrai que le ma…a…chin ce n'est pas très di…dissuasif, dit Vanity, pratiquement saoule.

— Ok, tu me laisses y réfléchir et on se reparle.

— Alerte! Alerte! Ici Tom en observation! Une personne s'est écroulée pratiquement devant la falaise, à l'entrée!

— Allez, viens Fletch! Vanity a son compte.  

*** 

— Gloria, je peux savoir ce que ta main fabrique dans ma petite culotte?

— Oh! Pardonne-moi Lara, je croyais qu'il s'agissait de la mienne. Il me semblait aussi que je ne sentais pratiquement rien!

*** 

Plus Amber s'approchait et plus elle entretenait un mauvais pressentiment. À un certain moment, elle courut rejoindre la victime.

— Zoey! Zoey! Mais que fais-tu ici, Zoey! Parle-moi! Répond-moi! Par pitié!

— Amber, constate Fletch, elle est brûlée à  grandeur du corps. Il faut la ramener d'urgence à la ville. Je cours chercher un transport. Essaie de prendre sur toi.

Pendant qu'Amber soutenait la tête de Zoey, pratiquement inconsciente, et qu'elle tentait de la réconforter, Fletch revint avec le camion. Ils la couvrirent et, délicatement la hissèrent à bord. Fletch eût le réflexe d'apporter une gourde d'eau. Comme Amber demeurait sous le choc, il fit boire que de petites gorgées à Zoey. Amber reprit ses esprits.

— Vite, Fletch, à la maison. Stan, tu m'entends! Stan!

— Oui Amber, une difficulté?

— Peux-tu entrer de nouveau en contact avec le Dr. Chandler, Zoey est de retour, et fort mal en point. Il me faut son aide.

— Immédiatement Amber.

— Ici Christina, j'arrive de suite.

— Même chose pour moi, ajoute Catarina.

En entendant le nom de Zoey, Vanity dessoula. Elle retrouva les autres. Zoey ouvrit les yeux à demi et fixa Amber Elle tenta de balbutier quelque chose. Amber, tourmentée, la fit se taire. Ils se retrouvaient devant la maison.

— Il nous faut une civière, Amber, en conclut Fletch, sinon nos mains risquent d'aggraver ses plaies. Je reviens.

Quatre hommes du peloton rappliquèrent avec un brancard. Ils y déposèrent Zoey tout doucement et la grimpèrent au premier. Elle se retrouva sur son lit.

Stan arriva aussitôt. Il établit la communication avec le Dr. Chandler. Le médecin, tout en saluant Stan, lui demanda une très grande précision visuelle.

— Oui, explique Eddy, voilà j'ai ajusté une caméra et une puissante lentille au port de sortie vidéo. Ton rendu sera très net. Tu me précises ce que tu désires pour chaque changement d'angles ou de grossissements.

Le temps que Stan positionne sa caméra et qu'Amber salue le Dr. Chandler, Christina et Catarina se pointèrent avec tous les instruments médicaux stérilisés. Le Dr. Chandler inspectait le corps de Zoey par segment.

— Mais qu'est-ce que cette jeune fille fabrique au fin fond du Nebraska en robe de cocktail, s'exclame Chandler?

En effet, Zoey portait la très jolie robe que lui avait offerte Christina, Amber et Eltirra qui accourait.

— Bon, Amber, la mauvaise nouvelle c'est qu'elle est couverte de lésions et qu'elle se retrouve dans un piètre état. La bonne, c'est que je ne constate aucunes brûlures qui aient endommagé la partie réticulaire du derme, tout semble intact un peu partout. Tu disposes d'un ciseau chirurgical? Nous allons découper ses vêtements. Autant que possible, tu contournes là où les brûlures s'attachent au tissu. Pendant ce temps, il nous faut une baignoire d'eau stérilisée. De tiède à froide autant que possible, sans être congelée.

Ils s'y mirent tous. Comme le disait Amber, lors du cas de Sam : «Toute l'eau de Tuxton doit y passer.» Eltirra et Vanity, qui avalait café noir sur café noir, désinfectait toute la salle de bain. Amber terminait de ciseler tout le tissu qu'elle pouvait retirer. La baignoire se remplit et on y déposa Zoey. On l'y laissa reposer une dizaine de minutes. Elle demeurait inconsciente au point où Amber s'alarma. Chandler la rassura. Des gémissements se firent entendre ce qui les calma tous.

— Christina tu m'assistes. Les autres dehors. Vous me préparez des compresses stérilisées. Je veux aussi tout les pansements dont nous disposons.

— Qu'avons-nous comme antiseptiques et antibiotiques, Amber?

— Tout en aérosol. L'antibiotique est un polyvalent, Dr.

— Il lui faut un soluté immédiatement, un sérum physiologique de préférence.

Je m'y mets sur le champ, Eddy, se précipite Stan, j'ai la formule et tout ce qu'il me faut. Je reviens d'ici 15 minutes.

— D'accord, maintenant vérifie si tu peux retirer, très doucement, les tissus toujours attachés au corps de Zoey, demande Chandler.

Comme Zoey donnait des signes de souffrance, Christina lui fit une légère injection de morphine. Il en restait très peu.

— Mais, s‘informe Fletch, confondu, Amber est aussi médecin?

— Oui, et de loin la meilleure. Je suis vivante grâce à elle, lui confit Vanity.

Stan revint tout essoufflé. Il portait quelques pochettes de plastique reliées à des tubes. Christina identifia une veine saillante et intuba Zoey. Stan tenait le sac à bout de bras. Fletch frappa et entra, une patère à la main. Stan y accrocha aussitôt le sac. Amber remercia Fletch du coin de l'œil. Il sortit.

Amber suivit scrupuleusement les instructions du Dr. Chandler. Tout fut, méthodiquement, désinfecté et vaporisé d'antibiotique.

— Voilà, Amber, c'est le mieux que nous puissions faire. Dès qu'elle donnera des signes de rétablissement, tu la mènes à l'hôpital le plus près, afin de t'assurer que tout se stabilise et qu'il n'y ait plus de risques d'infection. S'il y a suintement, tu éponges tout doucement et tu asperges d'un jet d'antiseptique. En cas de fièvre, utilise un acétaminophène ou de l'ibuprofène. Pour les douleurs persistantes, une petite dose de morphine. Veille à ce que le sérum circule régulièrement. Tu peux l'abreuver aux trente minutes en augmentant légèrement les doses. Remet de nouvelles compresses trois fois par jour. Tout devrait se normaliser bientôt. Tu m'impressionnes Amber, c'est du travail remarquable, je n'aurais pas fait mieux. J'oubliais pour le dessous des pieds, tu nettoies, tu désinfectes et tu bandes. Changement de pansements deux fois par jour. Ça va aller? Tu sembles épuisée?

— Oui c'est bon, ça va aller. Merci encore pour toute cette gentillesse et ce professionnalisme, vous êtes un type bien, Dr. Chandler. Je comprends Stan de vous estimer autant.

Sur un éraillement de voix et d'un imperceptible petit merci, tellement les paroles d'Amber venaient de le secouer, le Dr. Chandler mit fin à la communication. Amber posa son regard sur Zoey,

— «Zoey, si gentille Zoey, si tu savais comme je regrette. J'aurais tant voulu, tant voulu tous vous sauver. Tu as raison, tout est de ma faute. J'implore ton pardon, petite Zoey.» 

Amber demanda du café et du whiskey. Vanity prépara tout. Elle sortit une bouteille de Chivas qu'elle se gardait pour un moment d'exception et grimpa à l'étage. Elle posa le plateau sur la petite table de nuit et se retira, non sans se rendre à l'évidence que le cœur d'Amber s'enfonçait toujours plus profondément dans sa poitrine. Un cœur fait d'un calcaire si friable.   

*** 

Tu peux m'expliquer, Vanity, s'enquerre Fletch, comment se fait-il qu'Amber se préoccupe autant de Zoey, après toutes les insultes possibles qu'elle a essuyées?

— Je comprends que ça puisse te sembler étrange, Fletch, mais Amber est une jeune fille bien particulière, très différente de nous. Une très vieille âme, comme disait un défunt ami. Elle n'abandonne jamais. Je la découvre jour après jour. Je crois que rien ne peut briser l'amour qu'elle porte aux gens. Pourtant elle demeure si froide, si solitaire. Certaines blessures nous rongent Fletch. Elles nous entraînent tout au fond de nos enfers, ceux les plus obscurs. Dès maintenant, tu peux aviser ton patron que les services du «Cisailleur» ne seront plus requis.

— Mais… mais comment peux-tu en être si sûre, Vanity?

— Pas compliqué à comprendre Fletch, tu lui as offert un portemanteau. J'ai tout lu dans son regard.

Fletch, cogitait. Il demeurait perplexe et surtout stupéfait de tout.

— Fletch… tu peux desserrer ton étreinte, j'ai les doigts tous écrabouillés… 

*** 

— Gloria, tu peux m'expliquer pourquoi ta main ne se trouve plus dans ma petite culotte?

— Pardonne-moi, Lara, parfois je suis d'un égoïsme…       

  • Ouf !!! Exit le cisailleur ! Bon, remplacé par une bête de foire mais moins offensive ;-)
    Quelle surprise le retour de Zoey ! Et dans quel état ! Encore un mystère à éclaircir.... Et un retour à gérer pour Amber !
    Mais qui sont Lara et Gloria, hein, tu vas nous faire marner longtemps ? .-)

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Mojitoo

    thesecretgardener

    • oui, Amber va devoir se confronter à elle-même et à son double : sa mère et se torturer dans les yeux de Zoey. Mais, une partie de la réponse à ta question se trouve déjà dans le texte. D'ailleurs le Dr. Chandler en fait la remarque :-)

      · Il y a plus de 8 ans ·
      6a012876c02e5d970c019affb02dba970d 500wi

      suemai

    • Oui, la robe de cocktail...

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Mojitoo

      thesecretgardener

    • bingo^^

      · Il y a plus de 8 ans ·
      6a012876c02e5d970c019affb02dba970d 500wi

      suemai

  • C'est tout !... t'as la flemme aujourd'hui, Sophina !?...
    c'est vrai qu'il fait chaud !... enfin, chez toi je sais pas...

    · Il y a plus de 8 ans ·
    030

    rimaillon

    • le texte y est maintenant. Je dois tout coller par morceau, sinon il ne le prend pas. C'est la vraie galère

      · Il y a plus de 8 ans ·
      6a012876c02e5d970c019affb02dba970d 500wi

      suemai

Signaler ce texte