Chapitre I

missmower

Je regarde Nathan qui, devant moi, cherche à se faire discret. Rien n'est plus difficile pour lui. Avec ses yeux verts émeraudes si beaux, ses courts cheveux blonds en bataille, son regard et son visage d'ange, rien au monde ne lui permet de se faire discret. Alors pourquoi essaye-t-il ainsi ? Pour ne pas se faire avoir. Car nous sommes dehors alors qu'il est onze heure du soir, du moins je l'estime à la noirceur de la nuit, et ce que nous faisons est interdit et dangereux.

Son pied dérape sur une branche et son corps se raidi de peur. Je sais qu'il ne veut pas se faire attraper, et moi non plus. Ma famille a besoin de moi, ils arrivent à survivre grâce à moi et à mes sessions de chasse, pêche... Je ne peux pas les quitter, ils ont besoin de moi et moi d'eux.

Malgré son envie d'être invisible, il me semble que Nathan fait un boucan d'enfer. Enfin c'est mon avis, moi la chasseuse qui, si elle fait le moindre bruit, rentre chez elle bredouille.

Au loin, je vois ma maison et celle de mon voisin, Charlie, et je me surprend une fois de plus à me poser des questions à son sujet. Est-il gentil ? Je ne le connais pas, enfin très peu. Je me souviens juste qu'une fois, il m'a donné des médicaments pour le méchant rhume de mon petit frère, Jake, et s'est fait disputé par sa mère à cause de cela.

La promenade touche à sa fin. Nathan et moi sortons tous les soirs, pour voir les quelques étoiles que l'on aperçoit encore depuis la catastrophe qui a condamné le reste du monde à mourir, seule cette partie de la terre à réussi à y échapper.

Je me souviens des fois où je venais avec ma mère, quand le couvre-feu n'était pas encore de rigueur et qu'elle était encore vivante. Nous passions nos nuits à les observer tandis que ma mère tentait vainement de m'expliquer quelle étoile correspondait à quoi. J'ai tout oublié. Peut-être est-ce trop douloureux pour moi de

m'en souvenir, n'empêche que je ne m'en souviens pas.

Allongée sur l'herbe, je sens le vent sur mon visage et je me dis que le danger est peu cher payé comparé au bien que cela fait. Un sourire apparaît sur ma mine fatiguée. Depuis un certain temps, je dors très mal. Sûrement à cause de la prochaine visite des Seekers qui doivent choisir de nouvelles recrues pour les aider à traquer et exécuter les fugitifs, les déserteurs.

Nathan et moi savons que nous serons les prochains. Ainsi que Charlie. À cause des nombreuses bêtises que nous avons commises, ils nous recruteront pour les aider dans ces massacres de personnes.

Je regarde Nathan et il me comprend. Il est temps pour moi de partir, d'aller rejoindre mon père et mon petit frère. J'espère seulement que Jake n'a pas essayé de venir dans mon lit à la recherche de réconfort à cause de ses cauchemars et n'aura pas vu mon absence.

Je rejoins ma maison où tout est calme. Ils sont endormis. Je pousse un soupir silencieux de soulagement et me dirige vers mon lit, en plein milieu du salon. Angel, mon chien hyper protecteur, et couché sur le canapé, mon lit, comme pour le dissimuler. Je lui fais signe de descendre et m'allonge puis m'endors très rapidement.

C'est mon père qui me réveille le lendemain. Pourquoi venir à une telle heure ? J'apprends bientôt que, comme je l'estimais, les Seekers sont revenus en ville et rassemblent les jeunes qui ont entre quatorze et dix-neuf ans pour le « service obligatoire ». Charlie, Nathan et moi avons seize ans, nous devons donc nous présenter. Comme nous avions douze ans la dernière fois qu'ils sont venus, nous ne pouvions être choisi mais nous savions déjà à quel point ceux choisis n'avaient pas de chance.

Nous sommes ameutés sur la place du village, environ une cinquantaine d'adolescents sont là. Parmi nous, une vingtaine seront ceux qui formeront la nouvelle unité.

Je regarde la chef et son air sévère. Il est évident qu'être avec elle ne sera pas une partie de plaisir et que nous ne pourrons rire très souvent, ou du moment en cachette. Elle a un document dans les mains. La liste des nouveaux. Elle le déroule et le regarde attentivement. Un sourire carnassier, voire sadique, apparaît sur son visage, elle prend un malin plaisir à faire durer le silence et le suspens.

Soudain, elle appelle. Un par un. Devant tout le monde. Cinq. Dix. Quinze. Et mon nom n'a toujours pas été dit. Brusquement, elle annonce le nom de Nathan. Puis de Charlie. Elle reste silencieuse plusieurs minutes qui semble être des heures, des années. Pourquoi ai-je encore cette impression que cela ne va pas être moi. Je serais la dernière je le sais déjà. La chef me regarde, me souris. Je vous l'avais dit non ! Je suis celle qui sera la vingtième.

Je vois ses lèvres bougées mais je n'entends pas. Qu'a-t-elle dit ?

Les regards se tournent vers moi. Les larmes se mettent à coulées sur mes joues. Non, c'est impossible ! Et pourtant je n'ai pas rêvé. Tout cela n'a rien d'un cauchemar auquel je vais me réveiller et voir que tout est comme avant.

Le vingtième membre de l'unité n'est pas moi. C'est Jake.

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