Chapitre I, Partie 2

Jade Dorcier

Je ne voulais pas de sa surprise et j'avais besoin de ce lièvre, c'était une question de vie ou de mort. S'ils voulaient du lapin ils n'avaient qu'à aller dans le supermarché le plus proche. Dans le cas contraire il faudrait qu'ils viennent le chercher, et pour ça, il faudrait qu'ils m'attrapent. Je pris mon élan et m'enfuyais dans les bois. Je pris vite de l'avance. Après tout c'était normal. J'avais l'habitude de courir en forêt et j'étais beaucoup plus endurante qu'eux. Malheureusement ils étaient armés, et au bout d'un moment ils se mirent à tirer dans tous les sens, essayant de m'arrêter, voire de me tuer. Je me faufilai à travers les arbres et les buissons. Il se mit à neiger. Si j'arrivais à les perdre, la neige recouvrirait mes pas et je serai sortie d'affaire. Le terrain commençait à être pentu. Il fallait que je ralentisse si je ne voulais pas me faire entraîner dans la descente. Je sautai par-dessus une souche. Les chasseurs, derrière, n'arrêtaient pas de tirer. Une de leur balle toucha ma cuisse alors que j'étais en plein vol. J'essayai d'amortir ma chute mais une douleur fulgurante me traversa la jambe gauche. Je m'effondrai et roulai dans la neige. Dès que le terrain redevint plat je m'arrêtai. J'essayai de me relever en vain. Ma jambe me faisait trop mal. Je me traînai jusqu'à un arbre et je retentai de me lever en m'appuyant sur une branche basse. Je réussis, mais pour pouvoir continuer je devais trouver une branche qui m'aurait fait office de canne. Trop tard, j'entendais les chasseurs arriver et ils n'allaient pas me faire de cadeau. Je n'avais pas le temps de trouver un support sur lequel m'appuyer, j'essayai tant bien que mal de me déplacer mais je n'avais pas fait trois pas que je me retrouvai par terre. Le plus maigre arriva le premier, essoufflé :

« Tu nous auras fait courir sale morveux. T'aurais dû nous donner le lapin tant qu'il en était temps. Maintenant tu vas morfler. »

 Ça je le savais. Par contre si son acolyte n'arrêtait pas de beugler il allait bientôt alerter tout le voisinage. Apparemment c'est lui qui m'avait touchée car il était tout fier de lui.

« Hé, t'as vu j'l'ai eu. J'l'ai eu ! J'l'ai eu ! J'l'ai eu ! J'l'ai…

- Ta gueule imbécile ! Tu ne veux pas aller au poste de police le plus proche pour le leur dire ?

- Ce n'est pas une mauvaise idée, tu crois qu'il est où le poste le plus proche ?

- Non mais tu le fait exprès ou quoi ? Si tu vas le dire à la police on va se faire arrêter !

- Ah oui je n'y avais pas pensé.

- Imbécile ! »

J'avais essayé de profiter de leur discussion pour m'enfuir mais ma jambe me faisait terriblement mal et puis du sang sur de la neige on ne pouvait pas faire pas plus discret. Le maigre, qui avait vu que je tentais de m'échapper ricana et me balança un coup de pied dans le ventre. Mon souffle se coupa net et je crachai une gerbe de sang. Si je n'avais pas été dans cet état là je lui aurai réglé son compte à cette enflure.

« Alors on essaye de s'enfuir gamin ?

- Je ne suis pas un gamin.

- Oh, c'est vrai tu as raison, tu n'es qu'un petit morveux qui aurai mieux fait de rester dans les jupes de sa mère. »

Le gros se mit à ricaner et se pris un coup de coude dans les côtes et un « La ferme ! ». D'ailleurs il se trompait, je n'étais ni un gamin ni un morveux mais bon, il n'a même pas voulu vérifier. Je réessayai une tentative pour m'échapper mais cette fois il m'attrapa par le col, me plaqua à un arbre et serra sa main autour de ma gorge. L'air avait du mal à passer et s'il continuait j'allais mourir d'asphyxie.

« Ecoute-moi bien morveux. T'es rien tu m'entends, je peux te briser le cou. T'as chipé notre proie tu t'es payé notre tronche alors maintenant tu vas morfler. »

 Il enfonça son doigt pile à l'endroit où la balle était entrée dans ma cuisse. Je poussai un hurlement de douleur et il appuya de plus en plus fort sur ma blessure.

« Alors t'as vu de quoi je suis capable morveux ? J'espère que tu morfles. »

Quand il arrêta enfin je dis en un souffle :

« T'as pas entendu ? Je ne suis pas un morveux.

C'est ce qu'on va voir. »

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