Chapitre II, Partie 2

Jade Dorcier

Le « manoir » était gigantesque. Il était en pierre et du lierre grimpait sur l'une de ses façades. Il était entouré d'un immense espace envahit par la végétation. D'immenses pins se dressaient un peu partout et camouflait l'édifice aux yeux des randonneurs curieux. Bien qu'elle eu des dimensions colossales, la gigantesque demeure n'avait rien d'hanté. Le jardin était bien entretenu, le perron était en marbre blanc et luisait sous la lumière du soleil, il n'y avait pas de toiles d'araignées, les carreaux des fenêtres n'étaient pas brisés et les portes ne battaient pas en grinçant. Même si l'endroit avait un certain charme un peu sauvage (ce qui avait le don de me séduire), je n'avais aucune envie d'y retourner. Je me redressai pour quitter cet endroit, me retournai et me heurtai à quelqu'un. Ce « quelqu'un » m'agrippa fermement par le bras et me dévisagea longuement. J'aurai aimé faire de même, mais son visage était enfoui sous un énorme cache-nez noir et une paire de lunettes, aux verres tout aussi noirs, d'un véritable alpiniste. Sa tête était encadrée par de longs cheveux noirs et lisses et sa peau était aussi blanche que la neige. Son corps était caché sous un grand manteau ébène et ses bottes en cuir noir avaient une semelle épaisse tailladée à coups de couteau. J'essayai de me dégager, mais il me tira vers lui et nous nous enfonçâmes dans le sol. Je voulus appeler à l'aide, mais il plaqua sa main sur ma bouche et nous fûmes engloutis par le sol. J'avais l'impression d'être compressée dans un étau. Que j'ouvris ou fermai les yeux, il n'y avait pas de différence, j'étais plongée dans des ténèbres de poix. Mon cœur battait la chamade et je croyais qu'il allait exploser. Je ne pouvais pas respirer et mes poumons étaient en feu. Je croyais que j'allais mourir asphyxiée, quand d'un coup, j'aspirai une grande goulée d'air frais. Je fus éblouie par la lumière du jour et je me mis à battre rapidement des paupières. L'homme me lâcha et me poussa vers l'avant. Désorientée, je perdis l'équilibre et tombai à genoux. Je me mis à tousser violement et je sentis le sang me monter à la gorge. Quand je repris mon souffle, je levai la tête pour voir où l'homme en noir m'avait emmenée.
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