Je me rappelai la promesse qu'il m'avait faite. Une bouffée de rage s'empara alors de moi. Si on m'avait forcée à rester ici, c'était sûrement sa faute. Je me relevai, me rendant compte de ma position de faiblesse et lançai d'une voix pleine de rage et de reproches : « Toi ! » Je fis un pas dans sa direction et le pointai d'un doigt accusateur.
« Tu m'avais promis de me laisser partir ! Tu n'es qu'un menteur ! Je te jure que je vais te le faire payer !
- Que je sache ce n'est pas moi qui t'es ramenée ici, dit-il en désignant l'homme en noir toujours derrière moi, et ce n'est pas lui qui t'a soignée c'est Chriss. »
Cette fois il désigna d'un mouvement de tête la femme en rouge.
« Quant à moi je n'ai pas bougé d'ici et elle non plus donc je n'ai pas failli à ma promesse. »
Il y avait tant de nonchalance et de mépris dans sa voix que ça me mit hors de moi. C'était de sa faute si j'étais là, de sa faute si on me retenait ici. J'allais sûrement lui sauter à la gorge pour l'étrangler, quand la dénommée Chriss m'interpela :
« Comment se fait-il que tu puisses marcher ?
- Hein ? »
Je me tournai vers elle et je vis qu'elle avait les yeux rivés sur ma cuisse. Instinctivement, je portai la main où son regard me brûlait. Oui, je n'étais pas folle, il me brûlait vraiment. Je ressentais une étrange chaleur soudaine sous la toile de mon pantalon qui s'intensifiait. Je sentis l'épais bandage qui entourait ma jambe. Tous les événements me revinrent alors en mémoire : Le lièvre dans les fourrées, les deux chasseurs, la course poursuite dans les bois, la balle traversant la chaire de ma cuisse… Je ne sus quoi répondre à sa question et je me mis à bégayer comme une débile. Chriss attendait, impatiente e t curieuse, une réponse de ma part. Heureusement, l'homme derrière le bureau mit fin à mon embarras :
« Ça suffit vous deux. Se ne sont pas des façons pour recevoir une invitée. »
Sa voix était calme mais ferme, avec une certaine autorité paternelle. D'un signe de main, il m'invita à m'asseoir sur un des deux fauteuils qui se trouvaient devant lui. Je m'exécutai sans un mot, méfiante. Je ne le quittais pas des yeux, à l'affût du moindre mouvement suspect. Au premier signe de danger j'aurais sorti mon couteau, prête à me défendre. Le plus discrètement possible, je passai ma main sur ma ceinture et ainsi garder mon arme à portée. Je constatai avec horreur qu'il n'était plus là. C'était la seule chose qui avait de l'importance pour moi, sans elle je me sentais nue, vulnérable. Après tout c'est ce qui me permettait de me nourrir, de fabriquer des outils, des abris, de me défendre. C'était comme si j'avais perdu une partie de moi-même. Une vague de peur s'empara de moi, mais je la refoulai aussitôt. Si je cédais à la panique s'en était fini de moi, il fallait que je sois en pleine possession de mes moyens. Je pris une grande inspiration, plaçai mes mains sur les accoudoirs et attendais. Si j'étais là, c'était contre ma volonté alors ce n'étais pas à moi à faire le premier pas. Il y eut un grand silence, puis le vieil homme s'enfonça dans son siège et dit :
« Je suis le docteur Cédric Martin. Tu n'as rien à craindre ici. Nous sommes tous là pour t'aider. »
Oooh, ça sent le complot! Mouark!
· Il y a plus de 10 ans ·oriana