Cher Dimitri

Cher Dimitri,

C'est aujourd'hui que je suis venue "te rendre visite" au funérarium. Quelle horrible ambiance ! Un silence bien pesant, quelques pleurs...

Ton cercueil est bien beau, si je puis me permettre. Que tu étais grand ! Tes amis scoutes ont laissé des signatures sur un drapeau, avec un de tes chapeaux (je suppose), ainsi que ton foulard avec ton surnom, totem: Koala.

Ton père est dans fameux état ! Les yeux tout rouges, il pleur constamment ta perte... Emilie pleur beaucoup aussi, seule ta mère cache sa tristesse. Qu'est-ce que cela va donner demain... En tout cas, il y aura beaucoup de monde, je le sens !

Ca me gêne de me poser cette question, mais parfois je me demande si tu pleurerais autant pour moi. Je sais qu'on n'était pas proche, qu'on ne se voyait plus, mais malgré tout, tu restes mon petit cousin. Jamais je n'aurais pu imaginer qu'une telle chose arriverait !

Ton père me donne vraiment envie de pleurer, mais j'ai horreur de pleurer devant mes parents. Je me suis retenue pendant une heure ! Malgré le fait que j'ai vu ton cercueil, je réalise toujours pas. Peut-être comprendrai-je demain, lors d'un dernier au revoir...

Tu étais jeune, c'est pas juste que tu sois parti maintenant ! C'est ça qui fait que je réalise pas, ou que je ne veux pas comprendre.

Les regrets sont surtout la cause de mes pleurs. J'aurais aimé te voir et te connaitre plus. Depuis dimanche matin je pense à toi. Je nous revois tout gosse. Je me remémore ton rire. Je pleurs en cachette quand le prof parle d'écraser des gens. Je pleurs en racontant ce qui t'a tué. J'ai mal au coeur en passant devant Le P'tit Maxim's et devant le funérarium, avec le bus.

J'espère être assez forte pour les 3H de cours de demain matin. J'ai une évaluation orale, mais si je ne me sens pas capable, je demanderai à la prof pour passer la semaine prochaine. J'espère que ça passera mieux après l'enterrement, même si je me doute que les pleurs suivront encore une semaine, si pas moins, si pas plus.

Vendredi, je garde ma cousine Mélisandre, elle va déjà pas mal me remonter le moral. Au soir, on va au théâtre de Liège (où on pleur toujours de rire, espérons que ça fonctionnera malgré la douleur !).

J'espère que malgré nos parents, tu veilleras malgré tout sur moi, de là où tu es. Je ne sais pas comment c'est après la mort, si on se réincarne, si on vit vraiment dans le ciel avec tous les autres morts. Je t'avoue que je ne crois en rien, mais j'aime cette histoire de morts dans le ciel qui veillent sur leurs proches.

J'espère que tu es près de Mamie Georgette... Tu ne l'as pas beaucoup connue, et moi non plus d'ailleurs, mais elle a toujours eu beaucoup d'importance pour moi. Veillez l'un sur l'autre mutuellement. Dis-lui qu'elle me manque cruellement, que j'aurais voulu la connaître, aller chez elle tous les dimanches pour manger des pâtisseries (même qu'aujourd'hui j'aurais pu jouer comme il faut sur son piano). Reposez en paix... Passe aussi le bonjour à Tante Jeanne, même si tu rigolais comme un imbécile à son enterrement ! Elle fut comme une grand-mère pour moi... même si je ne la voyais qu'une fois par an.

A demain petit Dimi... 

Amélie