Cher Vladimir Poutine

Mitaine Crocq

Cher Vladimir Poutine,
J'ai longtemps partagé l'Internationale et déferlante indignation médiatique mondiale à ton égard.

Rien à voir avec ta récente et opportuniste main mise sur notre Gérard national, quoique s'il n'eut tenu qu'à moi, je te nationalisais ASAP les Pussy Riots, les extradais et les logeais à l'Élysée.

C'eut été diplomatiquement incorrecte, certes, mais un joli pied de nez qui t'aurait peut être inspiré davantage de respect pour nous autres que tous ces mous du genoux que tu côtoies à chaque sommet.

Indignation médiatique donc, mais indignation un brin compréhensible si l'on est, à la lumière de tes talents de tandémocrate, un minimum critique.

Encore que cela, nul ne s'en offusquait, et nul ne serait venu te le reprocher, sans la crise syrienne s'invitant au menu des Grands de ce monde.

Alors forcément, quand tu te pointes au G8, la bouche en moue, droit dans tes bottes, ferme contre tous et surtout contre toute ingérence en Syrie, ça irrite.

On crie au scandale, on s'indique, on tire le grand Stéphane hors de son tombeau, par les aisselles.

Quoi?! Le sang syrien ne vaut pas tous les investissements et autres intérêts stratégico-économicomilitaro russes ?

Quoi ?!Un pied à terre slave dans le coin syrien vaut bien quelques marées de sang humain ?

Quoi ?! La Russie angoisse davantage de voir son image écornée si elle venait à abandonner aujourd'hui un partenaire d'hier, que des cris et des pleurs des civils à terre ?

Mais tu es verni Vlad, le monde n'est pas parfait.

Il est si imparfait, et si peu gérable par la simple morale, que seul contre tous, tu l'emportes au G8.

La vérité Vlad, c'est que tu as su comprendre et mettre en oeuvre une politique diplomatique et une politique étrangère au service de ton pays.

Et si le service de ton État exige de fouler aux sols d'autres États que le tien, et bien, ainsi soit-il.

La vérité, c'est que tu as l'intelligence, autour de la table ronde du Monde, de t'appuyer sur tous les leviers mis à ta disposition.

Le levier de tes ressources naturelles d'abord.

Confortablement assis sur ton trône en poche de gaz mondiale, tu n'es pas tsar, mais tu distribues les titres et les cartes de manière à toujours conserver la main.

L'Europe de l'énergie, les projets d'indépendance énergétique, tu t'assoies dessus au pire, tu les étouffes dans l'oeuf au mieux.

Et puis, tu as su intégrer cette communauté internationale, enfin, et te retourner contre elle, au besoin.

Oui, ce club très restreint, soucieux de la stabilisation de ton pays, t'a déroulé le tapis rouge sur les escaliers de toutes les grandes organisations mondiales.

Aujourd'hui, tu y es, la Russie y est, et elle joue son jeu.

Si le monde est multipolaire devenu, il est aussi par de multiples doctrines parcouru.

Avec ton arrivée autour de la table des négociations, c'est la discussion, le compromis, et la divergence de point de vue qui sont venus contrecarrer la vision atlantiste monogame de l'ingérence systématique.

Alors oui, tu es le mal aimé, la Russie est mal aimée.

Doit-on pour autant te blâmer ?

Te blâmer pour défendre tes opinions, ta vision et tes intérêts ?

Te blâmer pour avoir les couilles de passer pour le grand méchant loup au milieu de sept petits cochons mondiaux ?

Te blâmer pour ne pas relâcher tes sphincters à l'idée de t'opposer à autrui, fut-ce le monde ?

Te blâmer pour ne montrer aucun respect pour ces représentants d'ailleurs, qui n'ont pas l'once d'une conscience d'eux même, et des intérêts qu'ils devraient et pourraient défendre ?

Non.

Aucun blâme Vlad.

Je te remercie au contraire.

Merci de montrer qu'aujourd'hui encore, à condition de se servir des moyens que l'on a, on peut dire merde à la face du monde, sans que cela ne soit une honte, une disgrâce, une prise de risqueincommensurable, une chose abstraite impossible à réaliser.

Merci de montrer que même seul, un pays peut marquer le monde de son empreinte, de sa vision, de ses désaccords.

Parce que nous, nous sommes là, détendus du slip au G8, nous sommes là, bêlant et baissant les bras.

Ne parlons pas des États-Unis, eux aussi savent jouer et tirer leur butin du jeu.

Eux aussi, sous 10 ans, par le gaz de schiste devenus plus indépendants, pourront dire merde bien plus facilement.

Quoiqu'au G8, tu as rendu Obama bien palot, lui, le pas si lointain Nobel de la Paix, aujourd'hui bien incapable de l'offrir aux Syriens.

Non, parlons de nous autres, Européens.

28 pays depuis peu, premier PIB mondial, et pourtant bien incapables de dire merde.

28 pays, frileux et chiasseux de ne serait-ce que lever un petit doigt pour faire entendre leurs voix.

28 pays, refusant toute référence à leurs racines chrétiennes, mais partisan de l'auto flagellation christique et du « si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre ».

Car oui Vlad, on nous gifle, quotidiennement, et nous restons autiste, stoïquement.

On nous bafoue, on nous exploite, on nous utilise.

On nous encule et on nous fait tourner comme une vulgaire putain dans une cave de cité malfamée.

Et on garde le sourire, et on ferme nos usines, et on avalise notre dé tricotage industriel et technologique.

Mais on reste de marbre, impassible iguane.

L'Ours russe griffe, le goupil américain rafle, et la méduse européenne prend l'eau.

Alors si, par tes frasques, tu peux nous rappeler à nous même, épisodiquement, ce qu'est un homme politique, et ce qu'est une politique, et ce que sont des « corones », je te tire ma chapka bien bas.

Parce que non, la crise syrienne ne s'éternise pas que du fait de l'intransigeance russe.

Non, la crise syrienne ne se perpétue pas pour les seuls intérêts russes.

Non, la crise s'éternise parce que nos dirigeants, vieillissants, bandent mou, et pour ça, on ne peut s'en prendre qu'à nous.

La Syrie et ses victimes ne sont qu'un écran de fumée sur le bûcher de notre incapacité à gouverner, à s'organiser, à se solidifier, à se donner une crédibilité.

Mais forcément, quand la victime est de chair et d'os, ça dérange, et il faut expier.

Alors je ne te décerne pas la palme de la "démocritude", Vlad, mais si tu pouvais déposer un dossier d'entrée dans l'UE, et ensuite venir faire des injections de testostérone à certain, ça m'arrangerait bien.

  • appelsolidaritesyrie@free.fr Une pétition qui circule pour demander l’intervention du conseil de sécurité. Une signature pour le peuple syrien qui continue de se faire massacrer. les raisons pour lesquelles Poutine soutient le dictateur Syrien: c'est qu'il a peur lui-même de finir un jour comme Kadhafi et les autres dictateurs arabes qui sont tombés, car Poutine est un dictateur dans un pays qui a rarement connue la liberté, sauf quelques mois pendant la révolution d'Octobre, sauf pendant la perestroïka de Gorbatchev. C'est un maffieux, couillu ou pas et j'espère que sa Sainte Russie Éternelle, qu'il prétend tant aimer, le mettra par terre lui aussi

    · Il y a presque 11 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

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