Cherry Town

Fabrice Bergès

À Cherry Town on aime la vérité plus que le mensonge...

Nous sommes au complet nous pouvons commencer. Ces mots résonnaient encore comme un écho dans la tête de Joshua Adamo. Cette soirée tous les étudiants du campus la redoutait et le mystère qui l'entourait suffisait à décourager les plus trouillards d'entre eux. Mais pour les autres, les braves, elle marquait l'entrée dans le cercle très fermé des éclairés. Cette tradition était aussi vieille que les murs du comté de Cherry Town et ceux de sa prestigieuse université. Les gens du coin avaient coutume de dire qu'elle existait déjà bien avant sa fondation, mais pour les étrangers elle n'était qu'une légende urbaine de plus qui circulait sur internet.

Peureux encore ce matin, l'adolescent ignorait ce qu'était la bravoure, jusqu'à la réception d'une lettre noire glissée mystérieusement sous la porte de sa chambre à la fin des cours. En y réfléchissant bien, le seul acte de bravoure de Hua ( South Park, son ancien quartier à Seattle l'appelait ainsi ) a été de portée un appareil dentaire à la suite d'un pari perdu avec ses parents cette année.

Ce soir-là, contrairement aux années précédentes, ils n'y avaient que deux participants.

Il s'agissait de Joshua Adamo et Bryan Reyca. Les adolescents se connaissaient que trop bien, ils étaient voisins à Seattle peu de temps avant leur arrivée à Cherry Town.

Les yeux bandés, désorientés et fatigués, on les fit s'assoir l'un en face de l'autre au milieu d'une pièce humide et sombre à peine éclairée par de vieilles appliques murales défectueuses.

Un homme en noir, le visage fermé derrière ses lunettes rondes, se tenait au milieu des deux étudiants, les mains dans les poches, il se racla la gorge.

— Le mensonge tue et la vérité libère...Que la sélection commence !!!

Pendant qu'on leur retirait leur bandeau, voilà que le cerveau de Joshua se mit à cogiter sur cette phrase, digne d'une de ces citations que l'on trouvait dans ces fameux gâteaux chinois offerts à la fin du repas. Elle tournait en boucle dans sa tête, elle était devenue obsessionnelle. L'homme quitta la pièce et claqua la porte.

— Joshua ? Qu'est-ce que tu fou là, lança Bryan.

Joshua secoua la tête. Je l'ignore, c'est ce qui nous attends qui m'angoisse. Et cet endroit glauque.

— Tu es en train de me dire que quelqu'un nous veut du mal ? demanda Bryan.

— Calme-toi et regarde à tes pieds, lâcha Joshua. Voilà ce qui m'inquiète. Ces deux livres avec nos noms inscrits dessus, c'est assez flippant. J'ai pour habitude d'éviter mes peurs. Je ne suis pas fan des situations extras-ordinaires. Désormais j'en suis convaincu.

— Je vois ce que tu veux dire, reprit Bryan

Avant de les ouvrir, les deux étudiants promenaient simultanément un œil angoissé sur leur nom gravé sur la couverture. Ils accordaient ensuite une attention toute particulière à son unique contenu. Au centre du livre était griffonné en grosses lettres rouge les nombres 14.08.2010. Subitement un souvenir commun se réveilla à la vue de cette suite de chiffres. Cet événement n'existait plus depuis presque dix ans. Mais pour Bryan et Joshua, il était aussi réel que leurs propres vies. D'où leur inquiétude.

« Tu as l'air de penser à quelque chose, confia Bryan.
Est-ce que c'est ce à quoi je pense ?

— Pas tout à fait, songea Joshua. Pas de bol, quand je pensais enfin avoir tourné la page.
— Même si ça en a l'air, ce n'est pas qu'un simple rite de passage. Je pense qu'ils attendent de nous autre chose.

— L'accident, tu crois ? » Bryan avait posé la question avec précaution, le plus délicatement qu'il soit .

Oui, répliqua Joshua. Il a gâché ma vie avec tous ces morts. Miraculeusement sain et sauf, ce jour-là je me sentais innocent
— Innocent ?
Bryan réfléchit puis fronça les sourcils. « Pas exactement, ce feu venait de nous deux.
— De nous deux ? » reprit Joshua
— Aucune brulure ? Odeur de brulé sur nos doigts ? Comment tu l'explique ?
— C'est impossible !
— Une dernière question. Excuse-moi. Mais je suis obligé de te la poser.
— As-tu jamais remarqué toutes ses similitudes dans nos vies ? même ville, même établissement scolaire, même cursus universitaire......

Maintenant que tu le dis, songea Joshua.

Soudain Joshua et Bryan comprirent qu'on les avait piégés dans l'unique but de les réunir dans la même pièce et de reproduire cette combustion humaine qui à couter la vie à plusieurs de leur amis 10 ans plus tôt.

Instantanément une étincelante lumière provenant des deux étudiants détruisit toutes les appliques aux murs ainsi que tous les appareils électriques présents dans la pièce. Dans une autre pièce, derrière ses lunettes, l'homme en noir ( sourire en coin ) abaissa un levier. D'importantes quantités d'eaux sortaient des gicleurs qui se trouvaient au plafond, noyant ainsi les derniers flux d'énergie, jusqu'à que la pièce redevienne sombre. Il y eut un répit, puis une porte s'ouvrit et on les emmena séparément dans une autre pièce...

  • Flippant !

    · Il y a presque 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Je vais le prendre pour un encouragement :)

      P.S : N'hésite pas à en parler autour de toi

      · Il y a presque 5 ans ·
      Photo

      Fabrice Bergès

  • Super intéressant ! J'ai hâte de lire la suite

    · Il y a presque 5 ans ·
    Tumblr meexa7h4g21qkwuado1 500

    aisling

    • Merci pour tes encouragements aisling ça fait toujours plaisir d'avoir un retour concernant une œuvre. Pour ce qui est de la suite c'est en cours.

      P.S : N'hésite pas à en parler autour de toi

      · Il y a presque 5 ans ·
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      Fabrice Bergès

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