Chilly Gonzales - Chambers

Alice Grenon

Chronique de l'album Chambers de Chilly Gonzales, parue sur le site downthewall.com

Le classique est à la musique ce que l'abstrait est à l'art : élitiste et obscur. Si c'est une vision très grossière des choses, c'est pourtant le sentiment qu'a la plupart d'entre nous. Son écoute demande de l'attention, des connaissances, et passé les œuvres et compositeurs les plus populaires, il est souvent difficile d'approfondir, de démêler les différentes branches. D'y comprendre quelque chose, en fait.
C'est un mal pourtant, car c'est une musique très construite et structurée, aux morceaux longs, ce qui permet de nombreuses variations d'intensité, de tons, de couleurs, le tout sans pause, ce qui implique de soigner ses transitions. Bref, la musique classique, c'est un peu comme une base de travail, un tuto sonore de l'art de la construction musicale. Et ce genre de trucs devrait être accessible à tout un chacun.

C'est ça que j'aime bien dans la démarche de Jason Beckaka. Chilly Gonzales : le type oeuvre à la vulgarisation du genre. L'exemple le plus criant, ce sont ses ‘Pop Music Masterclass', parus sur la chaîne allemande WDR, où il décortiquait les tubes du moment et les raisons de leurs succès.
Paru ce mois-ci, “Chambers”, dans la même optique d'accessibilité d'un genre musical complexe - dans le genre on pense à Laurent Garnier, qui tente d'expliquer les origines de la techno aux jeunes et vieux cons - s'attaque à la musique de chambre.

Et non, vous n'y trouverez pas de berceuses, mais plutôt des morceaux à la construction épurée mais aux thèmes entraînants, très pop.
De la nostalgie à la célébration, c'est un disque dynamique, qui n'hésite pas à diversifier autant les styles et les ambiances que les instruments principaux. Ainsi, on a le plaisir d'entendre autant le piano (Solitaire) que les cordes (Advantage Points) ou les vents, trop souvent oubliés (Switchcraft) et même une voix, sur Myth Me, la track de clôture.

Un album reposant, qui emmène nos oreilles loin de leur zone de confort, dans un voyage coloré, tour à tour épique et nostalgique, jusqu'à un îlot sur lequel on chillerait bien un peu plus longtemps.

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