Chronique culturelle

ROALD DAHL : une littérature gourmande pour fin gourmet

Comment donner le plaisir de la lecture aux enfants ?

Très simple, prenez un auteur Gallois aux origines norvégiennes, mélangez druides, fée morgane… trolls et elfes scandinaves…, agitez le tout et vous obtenez un Roald Dahl.

Ses romans, plutôt ses chefs d’œuvres pour la jeunesse : James et la grosse pêche, Charlie et la chocolaterie, Charlie et l’ascenseur de verre, Mathilda, le bon gros méchant… sont plébiscités depuis une cinquantaine d’années par les enfants.

 Roald Dahl était un conteur, d’un genre peu commun, un de ceux qui avait su garder une âme d’enfant. Ces récits sont un piquant cocktail d’insolite, de loufoque, de surréaliste où se dégagent une morale et un indéniable goût pour l’aventure.

Dès les premières pages, l’habilité de l’écriture pique la curiosité à vif. Sa façon presque orale de s’adresser à ses lecteurs, permet de créer instantanément un lien personnel avec eux. On plonge alors dans une histoire où insolite et réalisme se côtoient dans une magie parfaite, laissant ainsi l’imagination vagabonder sans retenue dans son univers aux accents baroques et aux inventivités truculentes (les bonbons carrés qui ont l’air d’être ronds).

Ne reculant jamais devant l’impossible, stimulant l’imagination des enfants, Roald Dahl cultive le goût de l’émerveillement et de l’étonnement. Comment s’attendre au fascinant spectacle de la salle au chocolat dans cette usine qui de l’extérieur ressemble à n’importe quelle fabrique.

L’humour est bien présent, caustique, voir grinçant sous la forme de jeux de mots savoureux et de caricatures jubilatoires. Cet humour beaucoup plus noir, on le retrouve également dans ses nouvelles pour adultes : bizarre ! Bizarre et Kiss ! Kiss, contes sinistres, morbides.

Mais ce qui singularise définitivement Roald Dahl, c’est la gourmandise. Cette gourmandise est le fil conducteur de tous ses livres, elle est omniprésente et interpelle nos papilles. On aimerait plonger dans cette cascade de chocolat, déguster le gazon, boire de la Frambouille, croquer dans cette énorme pêche juteuse, lécher les chocolats Wonka.

Cet univers surréaliste, narré avec légèreté et humour est loin d’être édulcoré. Les héros de ses aventures sont confrontés à la faim, au froid, à la mort ou encore à la solitude, mais finissent toujours par sortir avec succès de leurs difficultés, grâce au courage et à la patience. Les personnages peuvent se montrer inquiétants, même méchants : les Oompa-Loompas, Mlle Legourdin, Les tantes acariâtres de James…

On ne peut parler de Roald Dahl sans évoquer Quentin Blake, qui fut son illustrateur et imagina sous les traits de ses crayons tous les dessins de ses chefs d’œuvres.

Les contes de Roald Dahl parlent aux enfants, éveillent, leurs sens, leurs imaginations, leurs curiosités et les préparent à devenir des adultes.

Alors rien d’étonnant à ce que Gallimard s’apprête cette année, à rééditer en version collector huit de ses romans.