Chroniques du mariage arrangé et autres échymoses

sadnezz

[Extrait]

Hé oui, il l'avait eue! Qui osait en douter? Sabaude avait encore à apprendre de la perfidie Judéenne, mais cela tombait bien, il était plus jeune que lui, et sans plus vraiment s'en cacher le VF entendait bien l'instruire en ce sens. Il lui trouvait encore ce petit coté domestiqué bien désagréable, mais était lucide sur les changements qui s'opéraient lentement, mais certainement, dans le comportement et les envies de Moulicent.

L'idée avait fait son chemin ce soir où, bien malgré lui , il avait perdu son sang froid en public. Il ne supportait plus l'épouse qui du haut de ses seize ans prenait un malin plaisir à n'en faire qu'à sa tête sans tenir compte de ses pérogatives, en attestaient ses accès de violence, assez récents, là où il s'était juré de la briser autrement que par les poings si besoin au début de leur mariage, lorsqu'elle était encore naïve et désinvolte. Après tout c'était lui l'Homme avec un grand H - n'en déplaise aux techniques de combat du Moulicent - et sa parole faisait loi sous son toit. Point.


{Aux thermes.}

De l'eau jusqu'aux épaules, Judas observait l'onde se briser sur une épaule Renarde. Les deux hommes baignaient en silence, chacun à ses pensées, observant le va et vient sempiternel des autres baigneurs. L'oeil noir du Courceriers - Et non Courcelier, namého - vogua sur une jeune donzelle, non loin. Elle ressemblait à sa femme. En plus gracieuse. En moins brune aussi. Et en moins gironde. Bref, tout ce qui pouvait être femelle le ramenait à son horrible petite épouse, laissée là bas au Manoir tandis que dans la nuit Judas avait pris la direction de Mortagne avec le petit groupe, sur un coup de tête. Non, pas un coup de tête à Isaure, enfin, vous avez compris. Le seigneur se remémora son ressentiment le jour de ses épousailles, au moment précis où il allait dire Oui.

"Et si la jeune épouse respire l'innocence et le tendron, elle ne sait pas que ce serment la rendra bien vite femme. Trop vite certainement. Il faudra être digne d'une dame, et en porter les chaines. On ne se cachera plus sous le mantel d'un père, d'un frère, d'un cousin ou d'un parrain.. On ploiera sous la main dure d'un mari à qui l'on rendra compte, et avec tenue. On la craindra comme on la baisera, sachant quoi en attendre. Cette main tiendra les rennes de notre vie avec fermeté en gage d'une protection qui cette fois ne faillira pas. Car si les murs de la vie maritale protègent de la cruauté d'un monde, n'est-il pas plus haute prison pour une jeune femme qui n'a pas eu le choix? Et qui sait combien le prix de ce respect peut être lourd, lorsque l'envie de s'y soustraire tenaille? Le pacte est sale, être la femme de Judas est un sacerdoce. C'est aussi tant de petites clauses subliminales... Lorsqu'il exigera qu'elle soit sourde à ses travers, ou plus simplement qu'elle soit belle, souriante et apprêtée en toute circonstance. Lorsqu'elle deviendra l'objet de ses lubies, ou de son désintéressement. Lorsqu'elle sera traitée en enfant, gâtée plus que de raison, et brisée en mère. Mariage d'arrangement, épousailles de boniment. "*

Il détourna les yeux de la jeune femme.

- Allons aux puterelles ce soir, Renard, non? Au pire, vous ne toucherez pas. De toute façon avec votre gnion je crains que votre compte ne soit fait.


* extrait

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