Claire-obscurité

Crystal Esis

Dans un poème, une ville, un coeur vu de manière implicite par le biais de l'histoire brève d'une ignorante.

Des allers-retours permanents pour un accès à un sentiment de sécurité agréable, qui nait au creux du ventre pour s'étendre dans l'ensemble des structures.

Une autorisation discutée ,quant au futur du monde, dont les conséquences acceptées ont donné lieu à des habitudes confortables.

Une enfance développée, réceptrice de messages incohérents en provenance des hélices régulières.

Une gamine enchantée de voir ces nuages opaques décoller, guidés par un appareil désiré.

Un intérêt particulier grandissant, se basant sur des connaissances superficielles tout en demeurant suffisantes.

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Le relâchement des muscles irrigués par une substance agréable, abandonnant ainsi le caractère stressé des bureaux étouffants contenus au sein de plusieurs immeubles, aux murs anormalement glacés, malgré la réflexion des faibles rayons du jour.

Dans l'arche de la porte d'entrée, ses sens respirèrent l'adrénaline conséquente délaissée par ces vols rapides.

Elle leva les yeux vers le ciel, délicieusement embrumé de nombreuses particules d'une nuance de gris rassurante. L'excitation se propagea. Un saut sur place.

La peau nue de ses genoux toucha une surface plane, rugueuse, chaude, qui abîma le lissage auparavant parfait de la matière moelleuse, beige de ses jambes.

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Son regard marron suivait chacune des apparitions de ces papillons éblouissants de mille couleurs. Blanc. Gris. Noir. Les plus belles de toutes.

Un doux bruissement permanent s'élevait dans l'atmosphère humide, imprégnée d'une fragrance d'huile acide.

Les poètes de l'époque décrivaient apparemment souvent des champs de séquoias se mouvant grâce à la faible brise du vent. L'odeur, elle, ressemblait, aux effluves des fleurs baignant au sein d'un étang non-artificiel.

L'imagination d'une joliesse plus grande que celle qui s'étendait au loin, dans les profondeurs d'un ciel indéchiffrable, était difficile.

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Sa tête suivait chaque chemin pris, chaque direction qui dégageait une fumée attachante, inhibée d'un enjouement enfantin.

Le contraste du sillon blanc laissé par le passage, avec les dégradés somptueusement sombres de l'espace, laissait apparaître des autoroutes infinies entremêlées au sein d'un labyrinthe où les indicateurs sont moindres.

La compréhension de tous ces symboles obscurs, fascinait, prédisait un moyen de sortir de ce monde inversé. L'ignorance des hommes les emmenaient dans une transe d'une naïveté ambiguë.

Quelques-uns faisaient opposition à cette culture coutumière. Elle les détestait, ceux qui râlaient sans cesse d'un monde qui partait à la dérive. Inhibés d'une connaissance qui leur était inconnue.

On ne pouvait pas les enlever. Impossible.

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Pour elle, les petits véhicules jouaient le rôle de berceuse en tournant, se retournant, sans cesse. Associée au son sinueux des roues des mécanismes, la détente était assurée.

La jeune fille n'avait jamais pris la peine d'en diriger un même si, tous les jours, elle s'occupait du trafic imposant de ces insectes artificiels. Son travail était une opportunité indiscutable. Mais les écrans fournissaient une émotion moindre en comparaison de la réalité. 

Sa préférence se portait majoritairement sur l'observation attentive de ses compagnons depuis sa naissance.

Un très vulnérable s'approcha d'elle. Il tourna autour d'elle

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Un livre à la reliure en velours rouge vif, tomba de son sac sur le sol granuleux. Au creux de ses genoux blessés, elle le posa tout en l'ouvrant à la première page.

Une ombre volante surplomba la page et disparut en un mouvement élégant. La fine feuille présentait un cercle vide. C'était un cercle vide entouré de plusieurs cratères irréguliers.

« Qu'est ce que la lune ? ». Une poignée de seconde, cette question enveloppa son esprit afin de faire surgir une vision, une opinion quelconque sur la situation momentanée, sur son ignorance constatée.

Un hochement de tête. Retour à l'indifférence. Son visage s'éclaira. Elle s'allongea. Un. Deux. Trois... Elle les compta. L'habitude. Son enfance. Sa vie.

Nous sommes en 2087.

Une habitude. Comment peut-on la voir autrement ? Comme un problème peut-être ?

Un problème ? Mais quel problème ?

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