Coin coin!

Christophe Hulé

- Vous êtes du coin ?

- Coin coin !

- Oui d'accord, très drôle, je cherche un raccourci.

- Et pour aller où mon gars ?

- Ben je n'sais pas encore.

- La vache, vous êtes un spécimen !

- Un spécimen de quoi ?

- Là est la question.

- Bon, je cherche un pied-à-terre pour poser ma valise.

- Et elle est où votre valise ?

- C'est une métaphore.

- Une quoi ? Vous vous foutez de moi en plus !

- Pas du tout, comme on dit, c'est une façon de parler.

- Eh bien permettez-moi de vous dire que vous avez de drôles de façons.

- Je ne sais pas trop, je n'ai pas l'habitude de me confronter à autrui.

- A quoi ?

- Rien, laissez tomber. Pensez-vous que je puisse trouver un boulot dans les parages ?

- A vous voir, je vous donne zéro chance.

- C'est pas très gentil ce que vous dites là.

- « Gentil », oh la vache ! A défaut de me plaire, vous me faites bien rigoler.

- Pourriez-vous au moins me présenter d'autres « spécimens » ?

- Attention mon gars, je suis resté patient car tu m'amuses.

- Pas d'offense et je vous en sais gré, je ne demande qu'un potentiel patron.

- Vous parlez un peu chinois pour moi, mais je vais vous accompagner à la scierie, et dites-vous bien que vous avez de la chance !


- Salut confrère ! J'ai appris que tu recherchais de la main d'œuvre.

- Pas faux, une petite bière ?

- Pas de refus.

- Et c'est qui celui-là ?

- Ben …

- Monsieur, je sais tout faire, voire plus s'il le faut !

- C'est quoi cet olibrius ?

- Bon, on la boit cette bière et je t'explique.


- Je suis impressionné, comment vous faites ?

- Ben c'est pas compliqué, je vous fais voir si vous voulez.

- J'en serais ravi, mais je ne veux pas vous faire perdre votre temps.

- Pour ce qu'il vaut, pour une fois qu'on s'intéresse un peu à moi.

- Je suis désolé sans comprendre, et pourquoi êtes-vous à ce point négligé ?

- Vous venez d'un autre planète, enfin je vous aime bien, et vous ne pourriez pas savoir à quel point !


- Les affaires marchent au poil patron, vous savez innover et prévoir !

- Je ne sais pas trop, je vous ai regardé travailler et les idées me sont venues comme ça.

- En tous cas, j'aime bien travailler avec vous.

- Ça me touche vraiment ce que vous me dites. Et les petits jeunes, vous les avez en main ?

- Ils sont quelques centaines Monsieur, et je ne peux …

- Bien sûr, quelle andouille je fais, envoyez-moi les meilleurs, que l'on instaure le tutorat pour que chacun s'épanouisse.

- Patron, me permettez-vous une remarque personnelle ?

- Allez-y, au point où j'en suis.

- Vous êtes un spécimen.

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