Colore-moi Chapitre 4

Alicia Lo

Il ne m'a pas fallu très longtemps pour le rattraper.

« Alors, comme s'est passé ton week-end avec ton vieux friqué ? » S'est-il moqué de moi.

Parler en courant, ça aide à faire passer le temps et j'ai besoin de me vider la tête.

« D'la merde, lui ai-je répondu sincèrement.

-       Pourquoi tu t'emmerdes à y aller alors ? Tu as bientôt dix huit ans ! Qu'il aille se faire foutre ! 

-       Ouais mais après il va emmerder ma mère pour me voir. Et s'il l'emmerde, je vais lui foncer dedans. »

Il s'est mis à rire.

« Ouais, et si il te frappe en retour, je vais devoir lui faire sauter son dentier à ce vieux con. »

Cette fois c'était à mon tour de rire.

Là, j'ai tourné la tête et mon regard a été attiré par une silhouette. Margaux ? La fille est trop loin pour que je ne détermine s'il s'agit d'elle ou non. Je plisse les yeux, je me concentre et la voix de Maxime qui me hurle « Qu'est-ce que tu fous ?! » me fait revenir à ma course. Trop tard.

Je n'ai pas le temps d'appréhender le virage que mes jambes percutent une barrière à hauteur de mes cuisses, impossible de reprendre mon équilibre et je passe tête la première de l'autre côté. J'ai failli finir à l'eau.

« Qu'est-ce que tu fous ?! Tu aurais pu me prévenir si tu voulais faire de la natation ! »

En me regardant de haut et en voyant que je n'ai rien de grave, il explose de rire.

« Bah alors, je ne savais pas que tu matais les filles autre part que sur internet ! »

Je me relève et lève les yeux au ciel avant de sourire à mon tour.

« Ta gueule ! »

L'inconnue a disparue et mes espoirs avec. Lorsque j'essai de faire un pas en avant, une douleur à la cheville se fait ressentir.

« Ça va ? Me demande Maxime soudain calmé.

-  On peut faire une pause ? »

On s'est assis dans l'herbe et on commence à arracher l'herbe autour de nous. Je ne sais pas pourquoi on fait ça mais c'est déstressant.

« Tu t'intéresses aux filles maintenant ? Il était tant ! J'ai même fini par croire que tu es gay ! C'est pour ça que je ne rentre jamais dans ta chambre quand on est seuls chez toi ! » A-t-il pouffé de rire.

J'ai souri en lui envoyant des brins d'herbe dans la gueule.

« J'ai cru reconnaître… Quelqu'un. 

-       Mauvais ! Tu fronces les sourcils ! ça veut dire que quelque chose te perturbe. Aller, balance toute l'histoire ! Je vais t'écouter mais ne va pas croire que je suis gay pour autant ! »

Qu'il est con ce mec. Mais… Je lui ai quand même raconté ce qu'il s'est passé deux heures plus tôt.

***

« Margaux, tu dis… ça ne me dis rien. Et tu dis que tu vas la revoir ?

-       Dimanche prochain.

-       Et tu as son numéro ? Son facebook ? Son snap ?

-       Heu… Non.

-       Quoi ?! Mais comment tu peux être sûr qu'elle sera au rendez-vous la semaine prochaine ? »

Eh bien, je n'en sais rien et il vient de me rendre perplexe. Il a dû remarquer que ces derniers propos m'ont encore plus perturbés alors il a clos le sujet rapidement.

« Tu ne sais rien de cette fille, ne te fais pas trop de films. »

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