Colore-moi Chapitre 6

Ce soir, je n'arrive pas à m'endormir. Comme d'habitude. C'est pourquoi, pendant ces longues heures où la ville s'endort, je dessine et croque jusqu'à l'épuisement. Mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles, la musique au niveau maximum, je me perds dans des univers naissants sous mes doigts.

Là, des pensées que je n'ai pu contrôlées ont envahies ma tête sans crier gare. Je me demande que peut bien faire Margaux. Où peut-elle bien être. Et finalement, j'en viens à me demander si elle pense à moi. A cette pensée, une drôle de sensation picote ma poitrine.

***

Maudits soient les cours d'espagnol. Qu'importe ma volonté, je n'y comprends absolument rien. A croire que tout le monde dans la classe comprends ce charabia. Tout le monde, sauf moi.

« Lo que está ocurriendo en el texto ? »

Personne ne se porte volontaire. La prof cherche sa prochaine victime. Je vous en supplie, pas moi…

« Mh… Clément ? »

Qu'on m'achève.

Laura, ma voisine de table, explose de rire. En même temps, il y a de quoi. Je suis vraiment une buse en espagnol. Ce qui n'est pas son cas. En plus d'être bilingue en anglais, madame l'est aussi en espagnol. Elle n'est pas humaine, c'est la seule explication rationnelle que j'ai pu trouver. Mais moi, je suis juste un humain… Mais bon, quand il faut y aller…

« Heu… Se trata de un hombre que… hay una mujer y que… »

La prof m'arrête, exaspérée.

« Clément, tu viendras me voir à la fin du cours. »

Je suis mort.

***

« Clément, je ne comprends absolument pas ! Tu as une bonne moyenne dans toutes les matières sauf la mienne. Qu'est-ce qu'il y a ?  Désespère ma prof d'espagnol.

-       Je vais faire plus d'efforts… Me suis-je défendu.

-       J'ai bien peur, vu ton niveau, que tes efforts ne suffiront pas à t'assurer la moyenne lors des épreuves du bac… Tout ce que je peux faire c'est te donner des exercices en plus pour que tu t'entraînes chez toi ce week-end.

-       Oui… Je veux bien. »

Elle fouille dans son sac et en sort quelques feuilles de torture.

« Essaye de te faire aider si tu n'y arrives vraiment pas. »

Qu'elle est drôle. Comme si j'allais laisser quelqu'un m'aider. C'est mal me connaître.

***

J'essaye de traduire, en vain, la langue qui m'est inconnue sur ces satanées fiches d'exercices. Il y a beaucoup de monde dans le bus en fin de semaine, plus la fatigue des cours, mes nerfs sont à rude épreuve. Et comme ça ne suffisait pas, je dois encore prendre le TGV ce soir pour rejoindre mon père.

Je rentre chez moi, fatigué, et je prépare mes affaires pour ce week-end. Il est 15h20, j'ai le temps d‘aller courir pour me défouler un peu, seul.

***

Je repousse mes limites sur Cry out de One ok Rock. Quand je m'arrête pour faire une petite pause, j'observe les gens autours de moi. Il n'y a quasiment que des couples qui se promènent dans le parc. Je me demande soudain où rencontre-t-on l'amour ? Où toutes ces personnes se sont-elles rencontrées ? Dans quelles circonstances ? S'y attendaient-elles ? Est-ce qu'elles cherchaient l'amour ou bien l'amour s'est-il imposé à elles ? L'amour n'est-il finalement qu'une question de hasard ?

Je me suis assis dans l'herbe et une réalité à laquelle je n'avais encore jamais fait face m'est soudain tombée dessus. Je suis seul et je l'ai toujours étais. Du haut de ma majorité presque acquise, moi le jeune adulte, je me retrouve perplexe face à ce fait avéré.

Alors, je me demande à moi-même, qu'est-ce que l'amour ?