Colore-moi Chapitre 7

 Je dois avouer que j'avais l'espoir. Ouais, comme un con, j'y ai cru jusqu'au bout. Je suis dans le TGV et je n'ai pas aperçu la moindre chevelure blonde. Pas une seule ! Quelle est la probabilité qu'aucune blonde ne prenne ce TGV ?! Je n'ai même pas eu l'ombre d'un espoir ! Déçu, je suis complètement déçu… En même temps, je savais qu'il y avait peu de chance de la voir ce soir. Le TGV démarre et un sentiment prononcé de tristesse m'envahie soudainement. Cette fille est une inconnue. Pourquoi le fait de ne pas l'avoir vu ce soir me met-il dans un tel état ?

Un peu déprimé, je n'ai pas la foi de me prendre la tête avec mes exercices d'espagnol. Alors, je sors mon carnet de croquis et je dessine ce que j'aimerais voir face à moi, le portrait souriant d'une tête blonde à laquelle il me semble m'être déjà attaché.

***

Samedi soir. Comme la nuit dernière, impossible de m'endormir. Je suis trop nerveux. Je n'arrive pas à faire mes devoirs et je suis impatient de la revoir. Enfin, si je la revois. Cette hypothèse tourne en boucle dans ma tête et me provoque une insomnie ! Pourquoi suis-je si nerveux de revoir une inconnue putain ?! Ce comportement ne me ressemble pas. Ce n'est pas normal. Je ne connais pas cette fille. Mais en même temps, je place tant d'espoir en elle. De l'espoir.. ?

***

Dimanche, 18h15, Gare Est de Paris, Voiture 18, place 76-77. Je suis à l'heure, au rendez-vous. Il est temps que toutes mes angoisses et mes doutes s'envolent.

Pour ne pas dévisager toutes les personnes entrant dans la voiture, je décide de me concentrer sur mes fiches d'exercices. Enfin, j'essaye. Alors que je commence à peine à me concentrer, une voix féminine se fait entendre et mon cœur manque un battement.

« J'avais peur que tu ne viennes pas ! Ca me fait trop plaisir de te voir ! »

Je lève les yeux, Margaux est déjà en train de me sourire de toutes ses dents et toutes mes angoisses et mes peurs se taisent en une fraction de seconde.

Elle prend place face à moi et je me rends compte qu'un sourire s'est dessiné sur mon visage. Je ne peux défaire mon regard de ses yeux bleus. Un détail s'impose soudain à moi, aujourd'hui, elle est beaucoup moins maquillée que la semaine dernière. Je dois avouer que je la trouve belle.

« Qu'est-ce que tu fais ? Un devoir d'arts plastiques ? Me demande-t-elle avec un véritable intérêt.

-       J'aimerais bien ! Mais c'est un devoir d'espagnol qui me prend la tête ! »

Pourquoi je raconte ma vie ? C'est trop simple de lui parler, c'est sûrement pour ça…

Elle a l'air intriguée et se penche sur ma feuille.

« Tu veux que je t'aide ? »

Je reste perplexe. J'ai envie de décliner son offre mais j'ai peur de la vexer.

« Heu oui, je veux bien… »

Elle attrape ma feuille et elle se met à écrire sans même prendre le temps de réfléchir. Au bout de cinq minutes, elle me rend ma feuille tout sourire.

« Voilà monsieur ! »

J'hallucine et je reste bouche bée et elle se met à rire.

« Ce n'est pas si compliqué que ça !  Me dit-elle gentiment.

-       Comment tu as fais ? Tu es prof d'espagnol ou quoi ?

-       Non, je suis juste étudiante en BTS tourisme. » Ma-t-elle répondu humblement.

Je me rends soudain compte que le début de la conversation n'a tourné qu'autour de moi. Je veux en savoir plus sur elle alors je me lance.

« Tu as combien de langue vivante en BTS tourisme ? –question stupide je sais mais j'essaye de faire la conversation-.

-       Trois ! J'ai anglais en LV1, espagnol en LV2 et italien en LV3. Je suis à saint Michel d'ailleurs. Et toi, ta terminale L, tu la fais dans quel lycée ?

-       Je suis à Jean Jaurès. La dernière fois, je n'ai fais que parler de moi et au final je ne sais rien de toi…» Dis-je un peu gêné de ma requête. 

Elle m'a regardé un peu étonnée et elle m'a sourit.

« Qu'est-ce que tu veux savoir de moi ? »

***

Le TGV annonce l'arrivée en gare de Reims. Je suis assez content, j'ai appris que Margaux est en première année de BTS tourisme et qu'elle aime vraiment ça, que sont blond est naturel et qu'elle fait des masques au miel pour les éclaircir, qu'elle en est à sa 15 heure de conduite mais qu'elle a encore du mal dans les virages, qu'elle aime tous les genres musicaux, qu'elle est fan de nail art –et j'ai appris ce que ça voulait dire-, qu'elle a son propre appartement et un cochon d'inde brun.

Nous reprenons nos sacs et nous nous approchons de la sortie. J'ai vraiment envie de la revoir et je n'ai pas envie d'attendre une autre semaine. Alors, je me lance…

« J'ai besoin de cours particuliers en espagnol… ça me gène un peu de te demander ça mais… »

Pas le temps d'en dire plus qu'elle sort son téléphone portable et qu'elle me demande mon numéro.

Mon temps de réaction est assez lent mais je fini par ne plus bafouiller.

Au moment de se quitter, elle se tourne vers moi et m'offre encore un sourire.

« Je te contact dès que je suis libre ! »

Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'elle a déjà disparu dans la nature.

Je prends une grande inspiration. Je me sens léger et serein. J'ai vraiment hâte de la revoir.

Ce soir, je rentre chez moi, un sourire béat aux lèvres.